Le sport «populaire» au détriment des populations

Dans un ouvrage collectif, « La Coupe est pleine », le CETIM (Centre Europe – Tiers Monde) revient sur les conséquences des divers événements sportifs mondiaux. Au menu : injustices sociales et dégradations économiques.

Si le sport occupe une place extrêmement importante socialement et médiatiquement, les manifestations de masse cette année au Brésil en marge de l’organisation du Mondial 2014 du football sont venues casser le mythe d’un sport sacré hors de toute critique aux yeux de la population. Mais alors que les événements (Jeux olympiques d’hiver et d’été, Coupe du monde de football, etc.) se succèdent, les critiques de fond manquent cruellement quant au mode d’organisation de ces derniers. C’est tout l’intérêt de cet ouvrage du CETIM que de décortiquer les conséquences et le fonctionnement de ces grandes messes sportives.

 

Des organisations prédatrices

L’ouvrage commence par présenter les associations à la manœuvre, à savoir le CIO et la FIFA. Toutes deux imposent des méthodes néolibérales: profitant de financement public, elles établissent des contrats d’exclusivité avec des multinationales. Ainsi des périmètres sont définis, dans lesquels seuls des produits et des vendeurs labellisés par ces marques sont autorisés à faire du commerce, niant la fausse promesse de revenus pour les populations locales. Ces organisations engrangent des profits importants, laissant les dettes pour les pays organisateurs. Elles fonctionnent comme des organes antidémocratiques. La FIFA a par exemple historiquement une relation forte avec les régimes autoritaires avec les Coupes du monde de football en 1934 en Italie fasciste, en 1978 dans la dictature en Argentine (ce cas étant développé dans un article du volume) et les prochaines en Russie et au Qatar. 

Ainsi, malgré toutes les promesses, ces événements sportifs n’amènent ni démocratie ni croissance, notamment pour les pays du Sud. Cet ouvrage le démontre en s’appuyant sur des cas concrets à travers différents articles, que ce soit le durcissement sécuritaire à Londres lors des Jeux olympiques, les politiques désastreuses en terme de logement et des conditions de travail au Brésil, en Chine ou en Afrique du Sud. Ces manifestations sportives entrainent la destruction de logements, l’endettement de pays (pensons notamment à la Grèce) au détriment d’investissements dans des domaines comme la santé ou l’éducation. Cela, les mouvements brésiliens de cette année l’ont bien compris et ont exprimé leur désaccord. Reste à espérer que cette contestation ne soit pas étouffée lors du déroulement de la compétition. 

 

Pierre Raboud

 

« La Coupe est pleine : les désastres économiques et sociaux des grands événements sportifs », 144 pages, PubliCetim nº 38, 2013.
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