Espagne

Espagne : La répression frappe le SAT et le maire de Marinaleda

En novembre dernier, sur les 54 de ses membres assignés à comparaître, quatre dirigeants du Syndicat andalou des travailleurs (SAT) ont été condamnés à sept mois de réclusion. Parmi eux, le maire de Marinaleda, Juan Manuel Sanchez Gordillo, élu au parlement andalou.

 

La Cour suprême d’Andalousie a également condamné le secrétaire général du syndicat SAT, Diego Cañamero. Les deux hommes sont poursuivis pour avoir occupé le domaine Las Turquillas durant l’été 2012. Cette finca est une propriété publique, le ministère de la Défense n’utilise que 20 de ses 1 200 hectares pour un haras, le reste est laissé en friche. En 2010 déjà, même le parti de droite Partido Popular (PP) avait critiqué le fait que seules 25 personnes étaient employées sur cette propriété, alors qu’une gestion saine et efficace générerait au moins 800 emplois. L’Andalousie est l’une des régions les plus touchées par le chômage en Espagne, avec un taux de 35,9 % selon les derniers chiffres officiels. 

«Nous avons un problème, et ce problème c’est le capitalisme», a déclaré le maire Sánchez Gordillo, le 11 novembre dernier lors d’une assemblée à Grenade, à l’ouverture du procès. «Ce qu’il faut c’est une véritable lutte anticapitaliste, à la fois révolutionnaire et capable d’ébranler le système.?» Sur les 54 membres du syndicat assignés à comparaître, quatre ont été condamnés à une peine, les cinquante autres ont été acquittés.
Le SAT est connu pour ses actions spectaculaires. L’an dernier, le syndicat a fait la une des journaux espagnols pour avoir mené dans les supermarchés une action de confiscation symbolique et avoir redistribué les aliments aux familles démunies. A plusieurs reprises, le syndicat a occupé des terres agricoles à l’abandon pour réclamer leur redistribution aux paysans sans terre. Depuis mai 2012, le syndicat occupe le domaine Somontes à Cordoue et y a créé une coopérative qui cultive des fruits et des légumes revendus sur les marchés locaux des alentours. 

Le gouvernement espagnol et le parlement, dominé par une majorité absolue du Partido Popular (PP), ont décidé de durcir le Code pénal contre ce type d’actions en particulier, mais aussi contre les simples manifestations. Ils ont proposé l’insertion d’au moins 16 nouveaux délits dans le Code pénal pour réprimer la protestation sociale. Ainsi, photographier des agents de police lors d’une manifestation sera désormais passible d’une amende d’un demi-million d’euros. Participer à une manifestation non autorisée devant le Congrès ou tout autre bâtiment public sera puni d’une amende pouvant aller jusqu’à 600 000 euros, même si cette manifestation est pacifique.
A l’avenir, ce ne sont plus les brutalités des agents qui seront punies, mais les journalistes et les manifestants qui les photographient; en outre, toute manifestation sur un monument ou un immeuble public sera interdite.

 

DS (avec « Solidaire », www.ptb.be)