Gare Cornavin

Gare Cornavin : Enterrement de première classe pour le projet des CFF

La mobilisation des habitant·e·s a payé ! Entretien avec Morten Gisselbaek, membre de solidaritéS, chef du groupe « Ensemble à Gauche » au Municipal de la Ville, porte-parole du Collectif 500 et candidat au Grand Conseil sur la Liste Nº 1.

Le Collectif 500 a déposé l’initiative pour une gare souterraine à Cornavin le 2 juillet, comment a été la récolte?

 

Extraordinairement bien ! Une vraie mobilisation citoyenne nous a permis d’être présents dans les fêtes de quartier, les marchés, au festival de l’AMR, d’organiser des fêtes et concerts, des projections de cinéma et même d’aller au stade de la Praille. Nous avons rassemblé bien au-delà du noyau dur du départ et avons su mettre nos compétences en commun. Un moment de lutte conviviale et festive ! Nous avons aussi pu compter sur la mobilisation d’autres associations de quartier, en particulier SURVAP aux Pâquis. Le résultat a dépassé nos espérances : en deux mois et demi (plutôt que les 4 mois du délai légal) nous avons rassemblé 16 300 signatures, alors que la barre est à 10 000. solidaritéS nous a soutenu d’entrée (avec EAG) puis nous avons obtenu, cahin-caha certes, des soutiens divers mais importants pour la suite : CGAS, SYNA, SIT, ASLOCA, ATE, PS, Verts, Usine, AMR, etc. Le groupe de reggae NAJAVIBES a écrit une chanson et tourné un clip appelé Luttons pour le quartier. Le drone survolant le défilé du 1er Mai filmait pour ce clip !

 

Canton, Ville, CFF et Office fédéral des transports ont rendu publiques les conclusions de l’étude comparative – portée par le conseiller administratif Rémy Pagani, membre de solidaritéS – entre le projet en surface* des CFF et le projet souterrain présenté par le Collectif. Positif?

 

En effet, les experts ont élaboré une variante du projet souterrain mis au point par notre ami Martin Graf. Cette variante est, selon un des experts de l’EPFL, « proche » du projet du Collectif. Elle est souterraine, ne prévoit aucune démolition de bâtiments et répond bien mieux aux besoins du réseau ferroviaire que le projet CFF. C’est une bonne surprise ! Nous avons toujours pensé que notre projet était meilleur, mais nous craignions la pression mise par les CFF sur les experts. On a eu tort sur ce point, tant mieux.

Le verdict des experts est accablant : la version que proposait la régie fédérale est mauvaise par tous les bouts, y compris financièrement. A court terme, la version en surface paraît coûter moins cher. Mais si l’on tient compte des aménagements supplémentaires hors du périmètre de la gare (deux saut-de-moutons = 500 millions) et des corrections des rues aux alentours de la Gare (estimées à env. 450 millions) elle coûterait en définitive bien plus cher que la souterraine. Ça semble si insensé que la seule explication de ce mauvais plan des CFF serait leurs intentions spéculatives. Est-ce un hasard si tout ce projet a été piloté par des gens issus de la sous-branche CFF-immobilier ?

 

Comment imaginez-vous la suite?

 

Pour l’instant, pas question de retirer l’initiative. La réalisation du projet souterrain reste suspendue au financement immédiat à hauteur de 1,2 milliard, soit 400 millions de plus que le montant alloué dans le cadre du financement des infrastructures voté à Berne.

Pour nous, il est primordial que l’on trouve ces 400 millions qui permettront in fine une économie de l’ordre du demi-milliard. Un investissement intelligent à tous points de vue. Et il peut être étalé dans le temps, ce qui ne représenterait donc, sur dix ans, que 40 millions par an. Sinon on peut constituer un préfinancement remboursé plus tard par la Confédération. Mais pas question pour autant de prendre ces montants sur les crédits d’investissements attribués ou nécessaires à d’autres infrastructures. Ni de venir nous la jouer en opposition à d’autres projets. Ce n’est pas parce que les CFF se sont plantés dans leur projet que Genève ou les Ge­ne­vois·es doivent passer à la caisse ou voir la qualité des aménagements baisser dans d’autres quartiers. Pour l’instant le mot d’ordre reste: on ne lâchera rien !

 

 


* Projet qui prévoit la démolition du tiers du quartier des Grottes et de 385 logements.