Contre économiesuisse, non à la LME en septembre

Contre économiesuisse, non à la LME en septembre


Une nouvelle bible néolibérale est parue. Un pavé de l’officine patronale economiesuisse: 108 pages et 300 propositions pour s’attaquer au rôle de l’Etat dans tous les domaines.



Un échantillon de ces mesures: réduire l’aide au développement, limiter les effectifs des enseignants, restreindre l’accès aux universités, financer les écoles aux «résultats», augmenter les taxes d’étude, limiter l’engagement de l’Etat dans la recherche, promouvoir les baisses d’impôts afin d’enrayer les nouvelles dépenses, conserver des primes d’assurance-maladie par tête et limiter la couverture de l’assurance de base, supprimer les subventions publiques aux hôpitaux, créer une police intercantonale rapidement mobilisable, limiter la police à ses «tâches prioritaires», augmenter la part du financement privé en matière de culture, s’opposer à la hausse des impôts pour financer les assurances sociales, renoncer à toute extension de leurs prestations, relever l’âge de la retraite, adapter le moins possible les retraites au renchérissement, allonger la durée de cotisation pour avoir droit au chômage, réduire les indemnités pour les chômeurs, traiter plus vite le demandes d’asile, financer et exploiter des routes par le privé, «optimiser» les subventions aux CFF, faire rentrer le secteur privé dans les transports publics locaux, favoriser les concentrations dans l’agriculture, limiter l’intervention de l’Etat en matière de politique énergétique et dans tous les domaines économiques, développer les mandats de prestation et les enveloppes budgétaires… etc ad nauseam.



Rien de nouveau bien sûr. Mais comme le «livre blanc» de De Pury, ce catalogue provocateur vise à mener une offensive idéologique qui balise le terrain d’un débat politique qui se déplace de plus en plus à droite. Cette offensive vient à un moment où les dogmes néolibéraaux sont de plus en plus discrédités aux yeux des gens et à la veille d’un vote important sur la libéralisation-privatisation du secteur électrique (LME).



Or la mesure du discrédit des thèses capitalistes néolibérales se révèle dans la campagne menée par les pro-LME. On est loin des déclarations triomphalistes sur les vertus du marché, de la concurrence, etc. ayant présidé aux débats préparatoires sur la LME.



Depuis des semaines, paraissent des pubs déclinant la nécessité de protéger les régions périphériques en «réduisant les différences de prix» qu’elles subissent, de garantir le service public surtout le territoire en assurant à tous un approvisionnement sûr à prix raisonnable, de garantir la sécurité de l’approvisionnement électrique par la fiabilité des réseaux en vue d’éviter des pannes, de mieux traiter les PME qui assurent la majorité des emplois, de mieux soutenir les renouvelables notamment nos installations hydrauliques, etc.



Chacun de ces thèmes est un point qui justifie le refus de la LME et de la mise en œuvre de la libéralisation-privatisation élecrique… La LME vise à maximiser les profits des grandes multinationales privées de l’énergie, elle menace les régions périphériques et leur desserte, elle détruit le service public, pousse aux privatisations, garantit que les réseaux seront délaissés et que les pannes de courant se multiplieront, mène droit aux black-outs comme en Californie, où Enron et ses compères se sont mis des dizaines de milliards dans les poches. Elle créé les conditions d’une spéculation effrénée au détriment des plus petits consommateurs, dont les PME, détruit l’emploi et mènera à la suppression de milliers de postes de travail. Elle liquide le principe même d’une politique énergétique axée sur les énergies renouvelables et mène au bradage de nos barrages…



Or ces annonces appellent …à un OUI à la LME ! Nos adversaires sont donc contraints, ces temps, de se parer d’oripeaux de «gauche» pour tenter de vendre leur marchandisation avariée. De ce point de vue, l’offensive d’economiesuisse, qui avance ses idées antisociales sans fard est bienvenue. Le responsable des annonces pro-LME, qui «défendent» le service public, l’écologie, etc. est en effet un certain Jean-Claude Chappuis …employé par cette même officine patronale. A faire savoir!



Signalons au passage que la même boutique a fait un deal récent avec l’ultralibéral Christophe Blocher, patron de l’UDC: ils n’attaqueront pas son initiative sur l’or de la Banque nationale en échange de son engagement dans la campagne pour la LME, contre laquelle il avait voté à Berne en 2000…



Pierre VANEK