UBS France

UBS France : La main dans le carnet du lait

« Carnet du lait », c’est le nom rustique donné par UBS France à la comptabilisation des ouvertures de compte non déclarées en Suisse ou dans d’autres havres fiscaux et dénoncée par d’anciens cadres, pas rassurés sur leur sort en cas de pépins judiciaires.

A force de laisser tomber ses employé·e·s comme de vieilles chaussettes, UBS, à l’instar d’autres banques suisses, crée un sentiment de méfiance généralisé dans son personnel. Pas prêts à porter systématiquement le chapeau, certains s’insurgent contre les risques que leur font courir les pratiques de la banque. C’est ce qui s’est passé en France, à partir de 2007.

A cette date en effet, éclate aux Etats-Unis l’affaire Birkenfeld, du nom d’un ancien cadre de l’UBS à Genève, qui a « craché le morceau » et dénoncé au fisc américain les activités de la banque.

Or, dans le volet français de l’affaire, les pratiques sont étrangement similaires, faisant clairement apparaître qu’il ne s’agit pas d’une dérive de quelques cadres, mais bien d’une politique systématique de l’entreprise. Un soupçon renforcé par la présence de chargés d’affaires d’UBS Suisse dans l’Hexagone, qui concurrencent leurs collègues français et draguent l’évadé fiscal potentiel parmi les sportifs, les patrons, les professions libérales et les people.

 

Pris la main dans le carnet du lait, UBS France va tenter de tourner rapidement la page, en évitant de se faire inculper pour blanchiment de démarchage et de fraude fiscale tout en reconnaissant éventuellement le délit de démarchage, sanctionné d’une amende maximale de 750 000 euros, alors que l’enquête porte sur des sommes tournant autour de 850 millions d’euros. Pour l’instant, la banque n’est mise en examen que pour complicité de démarchage?; sa tactique semble donc fonctionner.

Sur les deux autres points, ceux du blanchiment de démarchage et du blanchiment de fraude fiscale, UBS France a le statut de témoin assisté et n’est pour l’instant pas inculpée. Les dégâts seront donc probablement limités pour la banque. Mais pas nécessairement pour ses responsables français, mis en examen à titre individuel. L’UBS, c’est comme Dallas : un univers impitoyable, doublé d’un patron déloyal.

 

DS