Pour des transports régionaux gratuits

Dans notre campagne électorale pour le renouvellement du Grand Conseil, nous avons entre autres proposé de nous engager en faveur de la gratuité du transport régional, en commençant par les jeunes, et de promouvoir l’utilisation du vélo, notamment par le développement du réseau cantonal des pistes cyclables.

Il faut dire que les transports publics pour une famille sans demi-tarif ou sans abonnement « onde verte »1 sont à un prix dissuasif. Mais tout le monde le voit, le canton commence à crouler sous le poids des voitures, souvent occupées par une seule personne. Un seul chiffre suffit à illustrer la situation : plus de 20 000 voitures circulent quotidiennement dans le tunnel de la Vue des Alpes qui relie le haut et le bas du canton. Un changment est nécessaire.

SolidaritéS œuvre depuis plusieurs années déjà pour faciliter l’accès au transport public?; timidement, les choses commencent à bouger. En ville de Neuchâtel, un soutien financier à l’achat de l’Onde verte et de l’abonnement général des CFF a été consenti. Quelques pistes cyclables ont été mises en place. Mais si le « tout pour la bagnole » n’a plus guère la cote qu’à droite, il faut bien dire que la gauche n’a guère avancé durant les années où elle détenait la majorité au Grand Conseil. Avec le retour en force de l’UDC, ce ne sera sans doute pas plus facile, mais cela ne réduit pas l’importance de continuer la lutte pour une politique écologique en faveur du service public.

 

Une gauche plurielle sans mesure précise

La liste dite de « gauche plurielle » a fait la proposition de «rendre les transports publics accessibles aux étudiants et apprentis en offrant un abonnement général au prix de l’abonnement le plus bas». Qu’est-ce que cela signifie ? S’agit-il de subventionner l’abonnement général jeune de 2530 fr. pour l’amener à 1570 fr. (abonnement enfant, à moins que la référence soit l’abonnement général pour chien à 760 fr., ce qui serait nettement plus intéressant) ? Ou alors il ne s’agit pas de l’abonnement général, mais de l’abonnement régional « onde verte » qui passerait au tarif annuel de 459 fr. pour tout le canton (tarif actuel de 2 zones), alors qu’il dépasse 1000 fr. pour 5 zones et plus. Les responsables de la « gauche plurielle » n’ont pas apporté de précision. C’est dire le chemin qu’il reste à parcourir pour concrétiser une promesse électorale que toute la presse s’est contentée de rapporter sans poser de question. Reste l’engagement de la « gauche plurielle » de faire quelque chose sur le terrain. On verra.

En ville de Neuchâtel, le PDC a fait la proposition d’un «abonnement TN à un tarif préférentiel pour les écoliers domiciliés sur le territoire communal». Cette motion, amendée par la gauche (PopVertsSol et PS réunis) pour englober tous les jeunes en formation et pas uniquement les écoliers, a été acceptée par la majorité du Conseil général. Bonne nouvelle.

 

Faire un pas de plus

Maintenant il faut aller plus loin et demander d’inscrire dans la loi la gratuité des transports régionaux (onde verte) pour tous les jeunes jusqu’à 25 ans.

A la sortie de l’adolescence où la tentation de la bagnole est puissante, c’est tous les jeunes qu’il faut convaincre à utiliser les transports publics. Les rendre gratuits et attractifs est sans doute le meilleur moyen d’en encourager l’usage. D’un point de vue écologique, il est évident qu’il n’y a aucun de sens à limiter les bénéficiaires de la gratuité des transports au cercle des étudiants et apprentis. Mais la gratuité n’a de sens qu’accompagnée d’investissements supplémentaires permettant d’augmenter le nombre et la fréquence des bus et des trains. Pour concurrencer la voiture et la moto, la fluidité et l’accélération des transports publics sont prioritaires?; l’aménagement du territoire, villes et campagne, doit se faire dans cette perspective. Malheureusement, nous en sommes loin.

Bien que le canton et les communes se flattent régulièrement d’être à la pointe des mesures écologiques et de protection de l’environnement, en termes de transports, le bilan reste mauvais. En ville de Neuchâtel, au dénivelé très accentué, il faut payer pour emmener son vélo dans un des funiculaires et même la carte journalière ou l’abonnement vélo des CFF ne sont pas reconnus. Voilà qui devra être changé si l’on veut promouvoir l’usage du vélo. Certes, avec sa nouvelle majorité de droite, ce n’est pas sur le parlement qu’il faudra compter pour avancer dans les mesures sociales et écologiques, mais nous sommes sur une bataille de longue durée, qui connaîtra probablement plusieurs étapes avant de parvenir à la gratuité du transport pour toutes et tous. Quoi qu’il en soit, solidaritéS ira de l’avant et il nous faudra trouver des allié·e·s.

En 2004, les citoyen·ne·s de la ville du Locle avaient refusé en votation populaire une initiative de gratuité des transports, mais l’idée continue de faire son chemin. En Europe, de nombreuses villes et régions de France, d’Allemagne, de Belgique et d’Espagne se sont mises à la gratuité des transports publics. Tallin en Estonie, ville de plus de 400 000 habitants, expérimente les transports gratuits depuis janvier 2013 avec pour objectif de décrocher le titre de capitale verte de l’Europe en 2018. C’est dans cette voie que solidaritéS continuera à s’engager. C’est pourquoi François Konrad déposera prochainement un projet de loi assurant la gratuité des transports régionaux (onde verte) aux jeunes jusqu’à 25 ans.

 

Henri Vuilliomenet