Université de Printemps de solidaritéS 2013

Université de Printemps de solidaritéS 2013 : 1, 2, 3, 4 succès!

Cette quatrième édition a été une cuvée excellente. Plus de 120 personnes ont assisté aux ateliers et plénières. Un public marqué par une mixité tant au niveau de l’âge que du sexe. Les mouvements sociaux étaient bien représentés avec les tra-vail-leurs·euses en lutte de La Providence et une petite, mais significative, présence des indigné·e·s de l’Etat espagnol habitant en Suisse.

Les 3, 4 et 5 mai derniers, le magnifique site de La Bessonnaz a accueilli une fois de plus un public ravi de partager un weekend de réflexion et d’échanges, placé cette année sous le signe d’«Oser lutter». Les moments festifs, arrosés de chants et de danse jusqu’à épuisement, n’ont pas manqué?; pensons au concert déjanté des Haricots sauvages du samedi soir et aux mélopées de Mia Mohr et de son guitariste Ernesto Morales. Une mise en pratique des idées débattues lors de l’atelier « culture et subversion » du samedi après-midi ? Peut-être. En outre, une crèche, « interdite aux adultes » a été mise en place par Marianne Ebel, afin de permettre aux parents de participer aux dix ateliers et trois plénières programmés tout au long du weekend.

 

Combats des femmes à l’honneur

L’Université de printemps s’est ouverte par un meeting consacré aux luttes menées par les femmes. La militante anticapitaliste et féministe, Ahlem Belhadj, membre du Front Populaire et de la Ligue de Gauche Ouvrière en Tunisie; Christine Poupin, syndicaliste et membre du NPA, et Danièle Obono, militante antiraciste et membre de Convergences et Alternative (Front de gauche) ont exposé les défis mais aussi les principales difficultés auxquelles les femmes sont confrontées, en Tunisie comme en France.

Deux ateliers ont également amené un éclairage nouveau sur le combat des femmes et l’anti-racisme : «Racisme et islamophobie : comment construire le front du refus», et «Quel agenda féministe aujourd’hui». Capucine Larzillière de la Gauche anticapitaliste (Front de gauche) est intervenue sur l’exclusion des femmes musulmanes de l’espace public français au nom de d’une laïcité et sur les actions menées par le collectif « Mamans toutes égales ». Relevons également le témoignage de Monique Crinon, ancienne militante du MLF et membre du Collectif des féministes pour l’égalité, retraçant le combat sans relâche mené au sein des organisations féministes radicales françaises pour lutter contre les discriminations racistes et islamophobes à l’égard des femmes musulmanes.

 

Lutter au Nord comme au Sud

Les processus révolutionnaires en Tunisie (avec Ahlem Belhadj), au Maroc (avec Lotfi Chawqui, militant anticapitaliste et membre du NPA) et en Syrie (avec Luiza Toscane, membre du collectif Solidarité avec la révolution syrienne à Paris) ont occupé un atelier le samedi matin, particulièrement suivi par un public jeune et diversifié. Mais l’Europe et l’Amérique latine n’ont pas été absentes pour autant de nos échanges. La crise et les projets de la bourgeoisie européenne ont été mis en lumière, par l’économiste Michel Husson et Christakis Georgiou (membre du NPA). Les débats ont tourné autour de questions centrales pour la lutte : existe-t-il une bourgeoisie unifiée en Europe, ou la bourgeoisie a-t-elle au contraire encore un caractère « purement » national ?

Franck Gaudichaud (Président de l’Association France-Amérique latine de Grenoble) et Eric Toussaint (président du CADTM) ont quant à eux abordé les expériences des gouvernements populistes et anti-néolibéraux d’Amérique Latine. Enfin, Laurent Garrouste (juriste du travail) et Esther Vivas (Revolta Global Esquerra anticapitalista, Catalogne) sont intervenus sur le rôle joué par les multinationales dans nos assiettes, et sur les conséquences de leur politique désastreuse pour les pays du Sud. Esther Vivas a particulièrement insisté sur les nouvelles expériences de production agricole et sur la création de coopératives de consommation alternatives qui fleurissent partout en Europe.

 

Armes collectives face au chômage de masse et à la précarité

Deux ateliers ont été consacré aux nouvelles formes de lutte face au chômage de masse et à la précarité dans une Europe qui veut/doit réinventer de nouvelles formes de militance : « Quelles armes collectives pour lutter contre le capitalisme », animé par Jaime Pastor (membre du comité de rédaction de Viento Sur) et Patrick Le Moal (NPA, France), et « Ne luttons pas contre les pauvres mais contre la précarité ! », conduit par Jocelyne Haller (solidaritéS), Sophie Lauer (Collectif 17 octobre) et Thibaut Lauer (membre de Mesem­rom) et Anne-Marie Peysson (ALCIP-Association de lutte contre les injustices sociales et la précarité).

Le tableau n’aurait pas été complet si les luttes syndicales n’avaient pas été mises à l’honneur. Elles étaient au cœur de notre programme, avec une plénière l’après-midi du samedi, intitulée « Comment relancer la lutte syndicale au pays de la paix du travail) ? », avec les témoignages des tra­vail­leurs·euses de La Providence, et les interventions de responsable syndicaux d’Unia (Alessandro Pellizzari, Joël Varone, Audrey Schmid) et du SSP (David Andenmatten, Thierry Daviaud, Pierre-Yves Oppikoffer). Il y avait foule, preuve s’il en était de la nécessité de repenser la lutte syndicale face au capitalisme mondialisé. C’est aussi ce dont parlait Sam Gindin (ex-responsable de la recherche du syndicat canadien de l’automobile et Professeur à l’Université de York à Toronto), dimanche matin.

Enfin, le meeting de clôture consacré aux « Luttes de masse en Grèce et en Espagne » a apporté de nouveaux éclairages sur les processus en cours dans les pays du Sud de l’Europe, en particulier sur la recherche de nouveaux espaces politiques par les jeunes et les femmes, premiers frappés par le chômage et la précarité.

La date de la prochaine Université de printemps du bimensuel solidaritéS est déjà fixée. Ce sera les 16, 17 et 18 mai 2014, toujours à La Bessonnaz. Alors, à vos agendas.

 

Juan Tortosa