Grève générale en Espagne

Grève générale en Espagne


Le 20 juin, les syndicats avaient appelé à la grève générale contre un nouveau décret loi du gouvernement du Parti Populaire réglementant le chômage (officiellement 11% de la population active). Celui-ci prévoit d‘imposer un véritable régime de «travail forcé» aux sans emploi: obligation de prendre n’importe quel travail, indépendamment de sa qualification, même si le salaire est inférieur aux indemnités de chômage, en acceptant jusqu’à 30 km. et 3 h. de déplacement, pour autant que les frais de transport ne dépassent pas 20% de la rétribution annoncée…



L’industrie, la construction, les transports, l’agriculture andalouse, les grands centres commerciaux, ainsi que la majorité des universités et des écoles ont été totalement paralysés. Dans les centres scolaires qui ne faisaient pas grève, moins de 10% des élèves se sont présentés en classe. Deux millions de manifestant-e-s ont défilé dans la rue, dont un demi-million à Barcelone et le mêne nombre à Madrid. La consommation électrique a chuté de 20,5%…



Pourtant, le patronat et la droite au pouvoir n’avaient pas lésiné sur les moyens pour intimider les travailleurs/euses: imposition de services minimaux délibérément exagérés, déploiement policier massif, pressions considérables sur un salariat extrêmement fragilisé (un tiers de contrats précaires), campagne de dissuasion appuyée dans les médias.



En dépit de tout cela, la grève a été un succès considérable. Cela est d’autant plus impressionnant que les directions des Commissions Ouvrières (CCOO) et de l’UGT avaient cultivé l’immobilisme et la capitulation sur tous les fronts, de pacte social en pacte social, depuis au moins huit ans. C’est tout dire: même le PSOE, qui avait pourtant ouvert la voie au PP d‘Aznar, s’est senti obligé d‘appuyer la grève générale!



S’il est vrai que des confrontations syndicales isolées et déterminées se sont développées récemment (Sintel, Miniwatt, etc.), c’est d’abord en dehors du mouvement ouvrier organisé que les mobilisations ont repris avec un caractère de masse sans précédent: contre le Plan Hydrologique National (surtout en Aragon et au sud de la Catalogne), la Loi universitaire nationale (LOU), la Loi sur les étrangers et, surtout, contre l’Europe de la guerre et du capital (plus de 300000 dans la rue pour protester contre le sommet de Barcelone, le 16 mars dernier).



Comme en Italie, les mobilisations de rue contre les effets de la mondialisation néolibérale ont fourni un puissant catalyseur à l’expression du mécontement social accumulé, donnant une crédibilité nouvelle à une large volonté de résistance et ouvrant la voie à la grève générale. Ce n’est pas la lutte finale, mais le prolétariat est de retour…



(jb)