«pour une extension souterraine de la gare Cornavin»

«pour une extension souterraine de la gare Cornavin» : Une initiative à signer sans modération

Le Collectif 500 vient de lancer son initiative, soutenue par solidaritéS et Ensemble à Gauche notamment. Trois questions à Morten Gisselbaek, membre fondateur du Collectif 500 et conseiller municipal de solidaritéS en Ville de Genève.

 

 

Pourquoi cette initiative populaire cantonale?

 

Les CFF ont annoncé dès 2009 leur intention d’agrandir la gare de Cornavin pour résoudre les problèmes de l’augmentation constante du trafic ferroviaire. C’est devenu concret lorsqu’ils se sont opposés à la construction d’immeubles de logement et d’un hôtel derrière la gare. Suite à une convention avec la Ville ils devaient étudier toutes les variantes possibles (variante en surface, souterraine, extension à la Praille ou à Cointrin, etc.) et venir présenter ces études. Le seul projet réellement étudié est celui de l’agrandissement en surface entraînant la démolition de 40 immeubles, soit 385 logements, et la disparition de 250 emplois du quartier. Cela signifierait le déplacement de plus de 1000 personnes vers d’autres lieux tels que Pont-Rouge ou le long du CEVA où les CFF font des opérations immobilières.

Nous nous sommes d’abord opposés à cette destruction massive d’un quartier populaire du centre ville pour des raisons évidentes. En nous plongeant dans le dossier on s’est vite aperçu que le projet que l’on nous concocte était nul, non seulement du point de vue urbanistique, mais aussi ferroviaire ! Ce projet considère en effet Genève comme le terminus de la ligne venant de Saint-Gall. Il rajoute deux voies en direction de Lausanne, mais ne résout pas les questions de limites de capacité que créera la mise en service du CEVA.

Nous avons nous-mêmes élaboré un projet d’extension souterraine, avec l’aide précieuse d’experts, et sommes arrivé à proposer un projet souterrain qui n’entraîne pas de démolitions, résout mieux les questions ferroviaires et ne devrait pas être plus cher. Mais évidement, notre solution ne permet pas de faire des affaires immobilières juteuses en transformant un quartier de logements bon marchés niché au cœur de la ville en quartier de bureaux, centres commerciaux et penthouses de luxe. Le rôle de CFF Immobilier dans cette affaire n’est sans aucun doute pas négligeable.

 

 

A ton avis, quelles sont les raisons du psychodrame politique qui semble entourer le lancement de cette initiative, avec désistement de soutiens, articles dans la presse et parlementaires fédéraux « fous de rage » ?

 

L’unité de façade affichée par nos treize élu·e·s à Berne pour « ramener 790 millions de Berne » cache difficilement le vide genevo-­cosmique qui entoure le projet voulu par les CFF. Ils nous proposent un soutien sans failles… à un montant, comme s’il s’agissait de ramener un trophée de chasse. Et sans se poser une seule fois la question de savoir à quoi cet argent va servir et s’il sera utilisé de manière intelligente. Ils en arrivent à défendre l’idée qu’on ne devrait pas s’opposer au projet de démolition d’un quartier de peur de faire capoter le vote à Berne. Quelqu’un est-il assez bête pour s’imaginer qu’on peut prévoir aujourd’hui de démolir un quartier urbain populaire et expulser environ 1000 personnes sans qu’il y ait une opposition franche et décidée ? Que ce soit en Suisse ou ailleurs.

Que tous les partis gouvernementaux entonnent ce même refrain est ubuesque ! D’autant qu’à Genève une écrasante majorité des personnes – politiques, monde associatif, experts – que nous avons rencontrés adhère au projet souterrain. 

Mais peut-être certains sont-ils un peu mal à l’aise ? Dans ce débat tout le monde affirme que Genève a « 30 ans de retard » en matière de transports publics. Et pourtant aujourd’hui encore, personne ne se préoccupe de cette question. A Genève on attend que les CFF proposent, et c’est tout. Cela oblige la société civile à faire le job de l’Etat et des politiciens qui sont « aux manettes ». Sans le Collectif 500, personne ne parlerait d’une solution souterraine. Sans le Collectif, personne n’accepterait ne serait-ce que d’évoquer cette question. Le niveau d’irresponsabilité et d’infantilisme politiques atteint dans ce débat est sidérant !

Heureusement que la commune, et il faut le dire, en particulier son Maire actuel Rémy Pagani, se sont bougés pour permettre à la proposition du Collectif d’être pris au sérieux.

 

 

Quelles suites maintenant ?

Récolter des signatures ! et continuer à peser sur, ou plutôt à créer, un véritable débat sur l’extension de la gare et, plus largement, sur quelle Ville les habitant-e-s veulent pour aujourd’hui et pour demain. Une histoire à suivre.

 

Morten Gisselbaek