Fonction publique

Fonction publique : Une mobilisation encourageante

La mobilisation syndicale du personnel de l’Etat de Vaud pour la défense des prestations de la Caisse de pensions (CPEV) a en partie payé : la multiplication des assemblées sur les lieux de travail dans un esprit combatif, impliquant souvent le vote de préavis de grève, a amené le Conseil d’Etat à de substantielles concessions par rapport au projet initial. Néanmoins, le nouveau plan présenté par le gouvernement contient encore de fortes attaques contre le IIe pilier des quelque 30 000 salariés de l’Etat.

Depuis la fin des années 1990, le scénario se répète : après quelques rodomontades souvent purement verbales, la Fédération des sociétés de fonctionnaires (FSF) signe un accord au rabais avec le Conseil d’Etat, dans le souci de conserver avec ce dernier des relations feutrées et consensuelles, et au nom d’une vision étroitement corporatiste des intérêts de ses membres. Ainsi, la FSF a estimé que les concessions arrachées au gouvernement vaudois justifiaient de renoncer à toute mobilisation : la faîtière a donc accepté de signer une convention, qui devra encore être soumise au Grand Conseil pour ratification. Il est vrai que dans la nouvelle mouture du plan de recapitalisation de la CPEV, le Conseil d’Etat renonce à certaines attaques parmi les plus brutales : ainsi, le premier plan prévoyait un calcul de la rente en fonction du salaire des 38 dernières années, contre les trois meilleures actuellement. Cette mesure se serait soldée par une baisse d’environ 25 % de la rente future d’un salarié commençant sa carrière aujourd’hui. Dans le nouveau plan, le calcul sera effectué sur les douze dernières années, et la rente ne sera baissée « que » de 6 %, une diminution qui affectera tout particulièrement les femmes en raison de carrières statistiquement plus courtes. En outre, une cotisation supplémentaire sera introduite en cas de changement vers le haut de classe de salaire, une mesure qui coûtera plusieurs milliers de francs aux salariés bénéficiant d’une promotion salariale due à l’ancienneté. Enfin, le report de deux ans de l’âge minimal de départ en retraite est toujours d’actualité dans la nouvelle mouture présentée par les autorités.

 

Une grève courageuse

Malgré la signature d’un accord par la FSF, sur lequel le Conseil d’Etat a pris appui pour décréter la fin des négociations, une grève impliquant plus d’un millier d’employés et une manifestation réunissant environ 2500 personnes ont eu lieu le 11 mars, à l’appel des syndicats SUD et SSP, demandant la réouverture des négociations. Une mobilisation encourageante si l’on prend en compte le climat difficile dans lequel elle se déroule, avec une organisation du personnel ayant renoncé à la lutte, à quoi il faut ajouter une campagne médiatique antisyndicale et antigréviste menée en particulier par le quotidien 24 Heures, et une série de prises de position politiques hostiles aux employé·e·s mobilisés, y compris dans les rangs de la gauche, où le président du parti socialiste vaudois a par exemple volé au secours de la majorité rose-verte du Conseil d’Etat en critiquant publiquement les salarié·e·s en grève. (24 Heures du 12 mars). Si, malheureusement, la mobilisation ne paraît pas assez puissante en l’état pour contraindre le Conseil d’Etat à une réouverture des négociations, la combativité dont ont fait preuve certains secteurs, par exemple les enseignants, est un signal encourageant pour les échéances à venir?; de plus, la grève du 11 mars a permis de rompre la routine, de reconstituer des groupes syndicaux sur les lieux de travail, et de susciter au sein du personnel un débat nourri sur l’avenir des retraites par capitalisation. 

 

Hadrien Buclin