La poste ne convainc pas

La poste ne convainc pas


Le 15 avril dernier, 150 personnes participaient à une assemblée pour entendre les représentants de la direction de la Poste tenter d’expliquer la restructuration du réseau postal qui prévoit la fermeture de plusieurs bureaux de poste dont celui de la Cluse à la rue de la Ferme.



Les trois représentants de la Poste ont insisté sur la nécessité de s’adapter à la concurrence. Rappelons à ce sujet que le Conseil fédéral, Leuenberger socialiste en tête, veulent réduire le monopole de la poste sur les lettres et les colis de moins de 2kg. ce qui ne pourra qu’aggraver la concurrence sur laquelle s’appuie la Poste pour restructurer à tout va. On sort résolument de la notion de service public pour vendre des «produits» – y compris ceux qui n’ont rien à voir avec les prestations postales comme des ordinateurs! – pour rentabiliser. Bref la Poste se conduit comme n’importe quelle entreprise commerciale à la différence près qu’elle est en train de se mettre à dos ses usagers alors qu’elle a réalisé l’an dernier près de 200 millions de bénéfice. Les représentants nous ont parlé de «géomarketing», de neufs critères déterminant l’emplacement des bureaux de poste, de leur volonté de s’éloigner des habitations pour se rapprocher des surfaces commerciales, de la mobilité accrue des habitants, bref un discours technocratique et dans l’air du temps qui n’a convaincu personne. Lorsque les participants à l’assemblée ont posé des questions précises : en quoi le bureau de la rue de la Ferme correspondait ou non aux neufs critères, quel est son chiffre d’affaire, combien de personnes le fréquentent etc., les représentants de la Poste n’ont pas répondu en se cachant derrière le secret commercial!



Mais la volonté de réduire le nombre de bureau dans la ville de Genève de 20 à 16 a été clairement réaffirmé ce qui implique la fermeture des Acacias, de Miremont, de la Cluse et la fusion de Servette/Grand-Pré. Tout cela en déclarant qu’aucune décision définitive n’avait été prise mais qu’un comité d’accompagnement allait se mettre sur pieds et que notre comité serait invité à y participer.



L’assemblée s’est poursuivie sans la présence des représentants de la Poste et la volonté d’aller de l’avant dans la lutte contre les fermetures de bureau a été réaffirmée. Le 1er mai nous participerons au défilé pour faire connaître plus largement notre opposition. Une manifestation sera organisée pour le dépôt de la pétition qui a recueilli à ce jour 2500 signatures et une fête est prévue devant la poste de la rue de la Ferme.



La logique de privatisation des services publics est clairement mise en évidence dans cet épisode. Rappelons que l’élément à l’origine de ces restructurations est la séparation de la Poste et des télécommunications largement avalisée par les Chambres fédérales, y compris par les parlementaires socialistes, et contre laquelle notre tentative de lancer un référendum avait échoué faute de soutiens suffisants au niveau suisse. Dès lors ni Swisscom, ni la Poste ne sont des services publics contrairement à certaines apparences. Elles sont devenues des entreprises comme les autres, confrontées au marché, sensées répondre aux besoins…. solvables et non plus aux besoins sociaux et économiques de l’ensemble de la population. Lors de l’assemblée du 15 avril, il a été souligné que le même processus risque de se produire avec le marché de l’électricité si la nouvelle loi sur le marché de l’électricité n’est pas refusée par le peuple en septembre prochain.



Bernard Clerc