Italie

Italie : Blanc bonnet, bonnet blanc

Les 24 et 25 février prochains auront lieu les élections politiques italiennes. Alors que la situation économique
est catastrophique dans le pays, les options ouvertes
à la population italienne et en particulier aux classes populaires ne sont guère réjouissantes. Nous publions ci-dessous des extraits traduits de la prise de position de la Coordination nationale de Sinistra Critica lors de sa réunion à Rome le 24 janvier dernier (SP). 

Les élections politiques des 24 et 25 février prochains semblent constituer une véritable anomalie dans l’histoire de notre pays. Le conflit qui s’est ouvert entre les trois principales forces politiques vise à masquer, aux yeux des électeurs et électrices du pays, le fait qu’ils ont tous soutenu le gouvernement Monti. Un gouvernement caractérisé par une agression féroce et ininterrompue aux droits et à toutes les principales conquêtes des classes populaires : la destruction de la prévoyance sociale (avec la pire des contre-réformes des retraites de toute l’Europe), la réintroduction de la liberté de licenciement arbitraire, la destruction des mesures visant à soutenir les sans-travail, les dispositions relatives à la liquidation des biens publics et des services, les coupes linéaires dans les collectivités locales, dans l’Etat social, l’école et la santé publiques, les augmentations d’impôt pour les revenus les plus bas. Toutes ces mesures ont augmenté l’exploitation, le chômage de masse et la pauvreté. Et elles ont toutes été approuvées par Berlusconi, Bersani, Monti, Casini et leur parti.

 

Choisir entre la peste et le choléra

Ces partis ont en outre approuvé des normes et des traités qui lient notre pays aux décisions de la Troïka communautaire, en acceptant que les prochaines décennies soient marquées par des coupes féroces dans les dépenses publiques et dans le droit. Ils soutiennent le fiscal compact [pacte budgétaire signifiant que le déficit budgétaire des pays de l’euro zone ne doit pas dépasser les 0,5% du PIB, NDT] et la contre-réforme constitutionnelle sur l’équilibre budgétaire [visant à inscrire dans les constitutions nationales la discipline budgétaire communautaire, NDT].

Même le regroupement de Nichi Vendola, Sinistra ecologia e libertà [formé d’anciens de Rifondazione comunista, de la gauche du PD et des écologistes, NDT] aux fins de son alliance stratégique et structurelle avec le Parti démocrate, s’est solennellement engagé au maintien de tous les engagements pris avec la Communauté européenne […].

Mais au fond, cette substantielle identité entre les principales forces en présence n’est pas nouvelle; elle constitue bien plutôt le trait distinctif de ces 15 dernières années. 

De leur côté des listes comme celle du Movimento 5 stelle [mouvement du comique Beppe Grillo, NDT] qui, depuis quelques années constituent une nouveauté réelle dans le panorama politique électoral, ne proposent qu’une dénonciation du caractère parasitaire et corrompu de la « caste », tout en chevauchant le mépris de larges secteurs populaires pour la classe politique. […]

Ce n’est pas un hasard si les critiques de ce mouvement des syndicats visent essentiellement leur prétendu rôle de frein au développement économique, alors que 5 stelle accompagne avec désinvolture les humeurs de la place notamment en ce qui concerne ses propositions ambiguës sur les droits des immigré·e·s et ses considérations sur l’organisation fasciste CasaPound.

Face à cette désolante situation, un mouvement d’opinion s’est développé au cours des derniers mois de 2012 avec pour objectif de proposer une alternative électorale nette à l’ensemble des partis qui se sont succédé au gouvernement au cours de la dernière décennie [cf. solidaritéS219, 6 décembre 2012].[…] Cependant, les contradictions internes au groupe promoteur de l’appel et surtout les assauts électoralistes de partis comme le Parti Rifondazione comunista, le Parti des communistes italiens, l’Italie des valeurs [regroupement autour de l’avocat Antonio di Pietro, NDT] et les Verts, effrayés à l’idée de ne pas siéger, ont mené ce processus à l’échec. La construction subséquente de listes de candidats, au sein desquelles le manque de femmes est frappant, a confirmé une méthode de sélection peu heureuse, fondée sur les échanges entre partis et les «promotions» de «représentant·e·s de la société civile» directement choisis par Antonio Ingroia [candidat principal de ce regroupement dans la liste Ingroia-Rivoluzione civile aux élections de 2013, NDT] et son entourage. […]

 

Une seule alternative: la lutte

Sinistra Critica avait soutenu ce processus et ses caractéristiques radicales et alternatives. Elle a cependant décidé le 28 décembre de ne pas participer au projet électoral et donc de ne prendre part à aucune négociation pour la définition des listes, et de ne proposer aucun candidat. […] En effet, la liste Ingroia-Rivoluzione civile se présente comme aclassiste et n’a pour seul axe politique que la lutte contre la criminalité, comme s’il s’agissait là de la responsable principale des politiques antipopulaires et d’austérité. De plus, cette liste conserve une position ambiguë face au PD cherchant une possible collaboration programmatique avec le parti de Bersani […] 

Sinistra Critica considère donc que les conditions politiques et organisationnelles d’une présence anticapitaliste ample et efficace aux prochaines élections ne sont pas réunies. Seuls les luttes sur le terrain et les mouvements sociaux sont à même de répondre à la violence exercée par la classe dominante […]

Nous sommes convaincus que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, lancera une nouvelle phase de politiques d’austérité sur la base des diktats de la Troïka et de la Confindustria. Sinistra Critica continuera à s’engager à construire un mouvement de lutte et de résistance. 

 

Adaptation, titre et intertitres de notre rédaction 

La version originale de ce trxte a été publiée sur : http://sinistracritica.org