Contre le sommet des affameurs et des pilleurs de la planète

Du 15 au 17 avril 2013 se tiendra au Beau Rivage Palace, à Lausanne, un sommet mondial des matières premières, organisé par le Financial Times, réunissant sociétés de négoce, banques et investisseurs. Un « Collectif unitaire contre la spéculation sur les matières premières » prépare un Forum de contre-information ainsi qu’une manifestation de rue.

Ce n’est pas un hasard si cet évènement a lieu à Lausanne : la Suisse est devenue une véritable plaque tournante du commerce des matières premières. Environ 25 % du commerce mondial des matières premières y transitent. Sept parmi les douze entreprises les plus importantes de Suisse sont actives dans le secteur des matières premières, tout comme quelque 400 sociétés implantées entre Genève et Lausanne. Des avantages fiscaux exorbitants attirent les multinationales du trading. Le groupe minier brésilien Vale, numéro un mondial de l’extraction minière du fer, dont le siège est à St-Prex, a réalisé un bénéfice net record en 2011 de plus de 21 milliards de francs, tout en jouissant d’une exonération fiscale. A cette exonération s’ajoute ce que l’on nomme pudiquement une « optimisation fiscale », c’est-à-dire une évasion fiscale légale, permettant de déclarer ses bénéfices dans un paradis fiscal comme la Suisse.

Avec la globalisation des marchés et la mondialisation financière, les matières premières sont devenues un produit de placements très profitable. La spéculation sur les biens alimentaires est à l’origine de graves famines et parfois de révoltes des populations affamées. Des investisseurs et des fonds spéculatifs accaparent les terres, détruisant les cultures vivrières. Le contrôle de l’eau fait l’objet d’un commerce criminel, dont la multinationale Nestlé tire des profits juteux. La spéculation sur les prix de minerais amène des groupes miniers, comme Glencore-Xstrata, dont le siège social est à Zoug, à exploiter de manière encore plus brutale des femmes et des hommes, portant gravement atteinte à leur santé.

Cette spéculation est à l’origine de graves atteintes à l’environnement, entraînant notamment la destruction de nappes phréatiques, de cours d’eau, de terres et mettant en danger la biodiversité. Des centaines de millions de personnes sont chassées de régions où elles ont toujours vécu. Le négoce de matières premières permet, dans un temps record, une accumulation de richesses énormes en mains d’une toute petite minorité d’actionnaires et de banquiers. En même temps, les peuples, victimes de ces prédateurs, s’appauvrissent. Des populations de régions, voire de pays entiers, sont réduites à la misère. 

 

Jean-Michel Dolivo