Palestine: solidarité internationale contre sale guerre

Palestine: solidarité internationale contre sale guerre


Nous publions ci-dessous un témoignage de notre camarade Christophe Delmere, syndicaliste du SSP à Genève, de retour de Ramallah où il a passé plus d’un mois avec d’autres internationalistes au quartier général du président palestinien Yasser Arafat.



Lors d’une mission précédente j’avais déjà pu constater combien l’occupation par l’armée israélienne des territoires était loin de répondre à l’objectif affiché du gouvernement israélien strictement sécuritaire et de «lutte contre le terrorisme». La poursuite de l’implantation des colonies, la confiscation des terres, l’arrachage des oliviers, l’isolement des villages par des ceintures de talus empêchant toute circulation motorisée, la destruction des routes palestiniennes et les barrages sur l’ensemble des territoires occupés obligeant les femmes, les enfants et les vieillards à parcourir des kilomètres à pied avec leur chargement, avant de pouvoir trouver un autre taxi collectif jusqu’au prochain barrage… toutes ces mesures n’avaient à l’évidence qu’un seul but: humilier, briser, rendre impossible la vie aux Palestinien-ne-s…

Guerre coloniale


Durant ce siège et l’occupation de Ramallah, nous avons eu l’occasion d’être les témoins privilégiés de ce que le gouvernement israélien veut faire passer pour des opérations limitées de sécurité, de «lutte contre le terrorisme»: pillages, blocages des vivres, mensonges aux autorités diplomatiques, mépris total pour toutes les conventions diplomatiques internationales (droit de visite consulaire), et surtout destruction systématique de toutes les infrastructures de l’Autorité palestinienne mais aussi des ONG (PARC, PNGO…), des médias (studios occupés et dévastés), arrestations en masse à Ramallah…



Qui peut croire que le dynamitage de la moitié du complexe de la Mouqat’a, le pillage et la destruction de l’ensemble des véhicules qui s’y trouvaient, le saccage de ministères comme celui de l’éducation, d’organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de la santé ou de l’agriculture, les tirs contre les hôpitaux et les ambulances sont de nature à lutter contre le terrorisme?



Par ses missions, par ses moyens et par son comportement l’armée israélienne dans les territoires n’est rien d’autre qu’une armée d’occupation dont le but est de mener un guerre de colonisation d’un genre particulier, qui consiste à faire le vide avant l’installation des colonisateurs!



Lors de notre traversée de Ramallah sous couvre-feu pour nous rendre au palais présidentiel de Yasser Arafat, nous ne nous donnions guère de chance de pénétrer à l’intérieur de la Mouquat’a. Nous étions surtout loin de nous douter que cette tentative de protéger par notre présence Yasser Arafat et les Palestiniens présent à l’intérieur du palais nous entraînerait dans un siège de plus d’un mois qui se terminerait par le retrait des troupes d’occupation israéliennes et la «liberté» rendue aux occupants de la Mouquat’a.

Une «victoire» amère


Cette victoire, car ça en est une, Ariel Sharon avait lui-même déclaré que sont intention était de capturer, d’expulser voire de tuer Y. Arafat, est celle de l’ensemble du mouvement de solidarité que ce soit des internationaux présents au palais présidentiel, des membres des missions civiles présents en Cisjordanie ou à Gaza, de toutes celles et ceux qui, en Palestine et partout dans le monde, ont su se mobiliser pour exercer une pression sur les gouvernements et les instances internationales afin d’obtenir une levée du siège.



Toutefois, cette victoire reste amère, en raison:

  • des destructions massives opérées par l’armée israélienne autour de la Mouquat’a et dans Ramallah;
  • de l’emprisonnement sous contrôle américano-britannique des quatre combattants palestiniens du FPLP qui ont été jugés coupables, par un tribunal militaire, de l’assassinat de l’ex-ministre Zévi, lequel – rappelons-le tout de même – appelait ouvertement à l’épuration ethnique des territoires occupés. Alors que, dans le même temps, les auteurs israéliens d’assassinats de dirigeants politiques palestiniens, dans le cadre d’une politique d’assassinats «ciblés» revendiquée et assumée par l’ensemble des membres du gouvernement israélien, eux, sont décorés par l’Etat israélien;
  • de la mise en résidence surveillé dans la même ville, de Ahmed Saadat et Fouad Choubaki, dirigeants du FPLP, alors qu’aucune charge n’a jamais pu être produite contre eux;
  • du massacre de Jénine et le lâche abandon de la commission d’enquête de l’ONU, alors même que des ONG présentes sur place ont trouvé des preuves des crimes de guerre commis par l’armée israélienne;
  • des opérations israéliennes régulières d’invasions des camps de réfugiés qui allongent chaque jour la liste des victimes palestiniennes;
  • des milliers de prisonniers déportés dans les camps du Néguev, suite aux rafles opérées par l’armée israélienne durant l’opération «Rempart».


Et il y a aussi l’occupation qui redouble d’intensité en dehors des micro zones autonomes, l’étau des chars qui continue à enserrer les villes palestiniennes comme à Ramallah ou Tulkarem. Fidèle à sa tactique le gouvernement israélien avance de deux pas dans l’oppression pour ne reculer que d’un seul en se présentant ensuite comme faiseur de paix!

Renouveau de l’internationalisme


Ce siège, et l’ensemble des missions civiles en Palestine, représentent une nouvelle fois l’irruption de la société civile et du mouvement social au cœur du combat pour la solidarité internationale avec le peuple palestinien. La composition du groupe de la Mouquat’a est, à ce titre, révélateur d’un internationalisme en plein renouveau: de 24 à 65 ans! Des Français de la Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien et de l’Association France Palestine Solidarité, Belges, Suisses, Allemandes de Berlin, Israélienne, paysan sans terre Brésilien, paysan basque de Via Campesina, des Américains, Australiens, Danois et Anglais venus sur la base d’un appel sur internet de l’International Solidarity Movement, certains ayant atterris à Tel Aviv le matin même de leur arrivé à la Mouquat’a!



C’est dans cette voie qu’il nous faut continuer, celle de la poursuite et l’intensification des missions civiles, celle de la mobilisation internationale pour chasser les troupes d’occupations israéliennes des territoires occupés, préalable à toute paix juste! Pour forcer nos gouvernement à enfin prendre des sanctions réelles en cessant les ventes et les achats d’armes avec Israël et en dénonçant l’accord d’association avec l’Union Européenne.



Christophe DELMERE