Catalogne

Catalogne : Entre indépendance et austérité

A la suite de la manifestation indépendantiste massive du 11 septembre, les élections régionales de fin novembre en Catalogne ont apporté plusieurs modifications dans le champ politique. La première étant l’affaissement des deux grands dominateurs traditionnels, les « indépendantistes » conservateurs de Convergència i Unio (CiU) d’Artur Mas et les sociaux-démocrates du Parti socialiste catalan (PSC).

En 1999, ces deux partis captaient 75 % des suffrages, en 2010, 56,8 % et en 2012 45 %. Ainsi, Artur Mas qui voulait « chevaucher le tigre » du sentiment indépendantiste a-t-il échoué dans sa tentative de constituer une majorité parlementaire absolue (30,6 % des votes et 50 sièges, alors qu’il en fallait 68). C’est au contraire la gauche modérée indépendantiste de l’ERC (Esquerra Republicana de Catalunya) qui progresse, paraissant à la fois plus sérieuse sur le plan de l’indépendance et moins engagée dans une politique brutale d’austérité comme CiU. Le PSC, qui a atteint son plancher historique le plus bas, avec seulement 14,6 % des voix, paye son positionnement « ni chair, ni poisson », ni franchement indépendantiste, ni clairement opposé à l’austérité.

En brandissant l’étendard d’une indépendance sans contenu, la droite catalane a réussi à souder un camp « espagnoliste », où le parti anti-nationaliste catalan des « Ciutadans » progresse et où le Parti populaire fait mieux que se maintenir, malgré la politique d’austérité féroce du gouvernement Rajoy.

La coalition des Verts et de la Gauche unie alternative (ICV-EUiA) a tenté de rassembler sur son nom les déçus du PSC, en faisant une campagne contre les coupes budgétaires. Atteignant 9,9 % des suffrages, elle aura désormais 13 élus contre 10 auparavant. Une progression qui ne marque toutefois pas un saut qualitatif.

Enfin, la grande nouveauté réside dans l’irruption sur la scène politique institutionnelle de la gauche radicale, la Candidature d’Unité Populaire-Alternative de Gauche (CUP-AE), qui décroche trois sièges. Elle recueille les suffrages des activistes des mouvements sociaux, des anticapitalistes et des indépendantistes de gauche. La lutte contre l’austérité et l’organisation rapide du référendum démocratique sur la souveraineté de la Catalogne sont à son programme. Combiner de façon crédible la défense des droits démocratiques catalans et celle des conditions de vie de l’ensemble de la population, tel est le défi.  DS