Fiscalité des entreprises

Fiscalité des entreprises : J-P Ghelfi, un pyromane qui déplore les incendies

La fiscalité des entreprises agite sérieusement le landerneau des responsables des finances cantonales. Le volume d’impôt qui échappe à l’Union Européenne à cause de la politique Suisse en la matière est estimé à 30 milliards de francs par an.

 

Ainsi, au prétexte que ça ça branle dans le manche entre la Suisse et l’Union européenne, les cantons envisagent de supprimer l’exonération fiscale pour les holdings et multinationales… mais en la remplaçant par une baisse d’impôt radicale pour toutes les entreprises.

 

Avec le projet Studer, accepté en votation populaire, le canton de Neuchâtel a pris les devants. Son objectif est de passer d’ici 2016 à un taux de 18 % (tous impôts confondus) et devenir ainsi temporairement un des cantons avec le plus bas taux (il ne restera que 4 cantons ou demi-cantons de Suisse centrale derrière lui). Le taux d’imposition du capital des holdings (elles ne paient pas d’impôt sur le bénéfice) baissant lui de 100x, passant de 0.5 ‰ à 0.005 ‰.

 

La baisse massive de l’imposition des entreprises est enclenchée

J-P Ghelfi, l’économiste du parti socialiste, inspirateur de la réforme neuchâteloise se plaint aujourd’hui dans L’Express/Impartial à propos de ce qui se concocte à Genève et à Zurich. Les déclarations du Conseiller d’Etat vert de Genève David Hiller ont mis le feu aux poudres: il se propose de baisser le taux d’imposition des entreprises de plus de 30 % à 13 % à l’horizon 2018, plus bas que Neuchâtel.

     Pour compenser les pertes fiscales prévues, David Hiler envisage de faire appel à la Confédération. « J’avoue ne pas très bien comprendre quelle stratégie mène poursuit David Hiler» se plaint J-P Ghelfi. C’est pourtant exactement la même que la sienne : la stratégie du paradis fiscal. Mais quand c’est lui qui l’applique, c’est habile, quand c’est les autres, ce n’est pas bien. Tout est question de point de vue.

 

Des milliards pour qui ?

Quand le parlement neuchâtelois a majoritairement adopté la réforme Studer-Ghelfi, les responsable PSN, PLR et UDC savaient parfaitement qu’ils déclenchaient une guerre de concurrence fiscale. Hiler avait déjà annoncé qu’il ferait de même. Jean Studer fut immédiatement félicité par économiesuisse, qui applaudit aujourd’hui de la même manière David Hiler. Quel plaisir pour les patrons de voir des notables socialistes et verts rejoindre leur combat pour remplir les poches des patrons. Evelyne Widmer-Schlumpf se rebiffe, pour la forme, contre les effets d’annonce non concertés, mais un accord se dessine déjà en coulisse pour une baisse considérable de l’imposition des entreprises. Les socialistes neuchâtelois en auront été les précurseurs.

Dans la jungle fiscale, il est impossible de savoir quelles entreprises paient des impôts et combien. Au bout du compte, ce sont des milliards, qui au lieu de se trouver dans les services publics européens, se retrouvent dans les poches des actionnaires. Merci la Suisse.

 

Pourquoi la défense des patrons vient-t-elle des rangs socialistes ou verts ?

La logique du capitalisme est concurrentielle, pas coopérative, et cette logique semble bien installée au cœur des élites estampillées « gauche ». A partir du moment où toute réflexion, tout projet de remise en cause du capitalisme sont abandonnés, la tentation est d’attirer les richesses chez soi, en leur faisant des cadeaux, et tant pis si cela se fait aux dépens d’autres cantons ou d’autres pays. Du côté des Verts et des socialistes gouvernementaux, le principe de solidarité paraît définitivement enterré. Détail cocasse : à Genève, le PS s’élève contre les propositions de David Hiler (Vert) avec, pour part, les mêmes arguments que ceux développés en 2011 par solidaritéS… contre les socialistes neuchâtelois !

 

Henri Vuilliomenet