Mendicité à Lausanne

Mendicité à Lausanne : Discrimination et arbitraire au rendez-vous

La commission chargée de se pencher sur les deux textes concernant la mendicité à Lausanne a présenté une disposition qui réunit l’initiative des libéraux-radicaux et le contre-projet de la Municipalité. La saison de la chasse aux Roms, puis aux pauvres, s’ouvrira peut-être bientôt.

 

Ce n’est toutefois pas l’option choisie par la minorité de la commission, représentée par Jean-Michel Dolivo de La Gauche et Gaëlle Lapique des Verts. Dans son rapport, elle rappelle l’inhumanité des mesures proposées : « La mendicité est une stratégie de survie pour des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Les Roms qui séjournent aujourd’hui en Europe occidentale viennent pour la plupart d’Europe de l’Est où existent de graves discriminations à l’encontre de ces populations. Ces discriminations, parfois même inscrites dans la loi, les empêchent d’avoir accès à l’éducation, à un logement décent, à un travail et à des soins de base.»

     Elle relève aussi qu’en plus de l’arbitraire entraîné par leur application (qu’est-ce qu’une mendicité « organisée » ?), projet et contre-projet se rejoignent dans une stigmatisation qui ne demande qu’à aller s’élargissant à d’autres populations:

     «Les Roms sont une cible aisée dans un contexte social et économique marqué par la crise économique, les angoisses qu’elle suscite, la précarisation des conditions de travail. Une partie grandissante de la population, à Lausanne comme ailleurs, vit en dessous du seuil de pauvreté. Pour occulter cette réalité, les autorités visent les Roms, en surfant sur un sentiment xénophobe. Ils sont des boucs émissaires «idéaux». En criminalisant la pauvreté, on porte atteinte en fait à la dignité de toutes les personnes qui vivent dans la précarité en Suisse. Si cette politique visant à réprimer la mendicité frappe aujourd’hui plus particulièrement les Roms, elle pourrait demain viser de plus en plus d’exclus du système de protection sociale, les personnes invalides, les chômeurs, les sans-abris, de même que tous les migrants pauvres.»

            Sous une forme ou une autre, il faudra le rappeler durant tout ce débat, vrai cache-misère, dans tous les sens du terme.


DS