Pourquoi dire non à la nouvelle loi sur les épizooties (LFE)?

Le comité du syndicat paysan Uniterre a pris position début octobre sur la votation du 25 novembre concernant la nouvelle loi sur les épizooties. Uniterre s’oppose à cette nouvelle loi, soutient les référendaires et demande de voter NON. A Genève solidaritéS a décidé d’appeler les électeurs-trices à suivre ce mot d’ordre. Nous publions ici un résumé des arguments à l’appui de celui-ci.

Uniterre estime que le libre choix des paysannes et des paysans ne doit pas être à nouveau restreint. Bio Suisse, Bio Forum et l’association des petits et moyens paysans (VKMB) partagent par ailleurs l’avis de notre syndicat.

 

     La dernière grande campagne de vaccination, contre la maladie de la langue bleue a eu lieu parallèlement à la lutte contre la diarrhée virale bovine (BVDV). Cela a engendré des pertes financières importantes pour beaucoup d’exploitations paysannes et augmenté considérablement le travail sur les fermes. C’est l’une des raisons essentielles pour lesquelles nous estimons que la responsabilité de la prise de décision doit demeurer en main des paysannes et des paysans.

     Il faut, par contre, évaluer de manière particulière les maladies qui se transmettent des animaux à l’Homme. L’évaluation a posteriori des campagnes de luttes contre la grippe aviaire et la grippe porcine a démontré par ailleurs que les autorités se sont dotées de millions de doses de vaccins en trop, qu’il a fallu par la suite éliminer.

Dans ce contexte, ce qu’il nous semble aujourd’hui important de souligner c’est que:

 la distinction entre maladie et épidémie est (trop !) fortement influencée par le lobby pharmaceutique;

 la décision de se déterminer entre une maladie qui peut être surmontée et la nécessité de lancer une campagne de vaccination devrait être prise par des organes décisionnels indépendants;

 avec la mise en place de banques de vaccins coûteuses, des campagnes obligatoires de vaccinations ont été menées largement pour des raisons économiques.

     Dans la médecine vétérinaire tout semble être mis en œuvre pour s’orienter dans la mauvaise direction. Or il faudrait impérativement agir d’abord sur les causes des maladies et non sur les symptômes. Ces causes comportent :

 une production industrielle qui implique une densité animale toujours plus élevée et des tailles de troupeaux toujours plus grandes. Or il a été démontré que cela a des effets négatifs sur la santé des animaux ;

 les exploitations industrielles en question, qui sont souvent le berceau des maladies qui se propagent ensuite par les différents canaux du marché global à travers la planète entière.

 les transports d’animaux sur de longues distances à travers l’Europe entière ;

 une détention d’animaux axée sur la maximisation des profits.

 l’utilisation problématique de médicaments, comme par exemple l’utilisation d’antibiotiques à titre préventif dans les élevages d’engraissement, etc.

     Jusqu’à ce jour, la mise en application de campagnes de vaccination imposée par les autorités, dans nos différents pays, ne nous a pas apporté satisfaction. Ce sont des mesures prises pour combattre les seuls symptômes du mal et qui, à terme, aggraveront au contraire les problèmes.

     Les campagnes généralisées de vaccinations peuvent à court terme réduire l’extension des maladies, mais à long terme il faut changer fondamentalement de paradigme.

     Depuis plusieurs années déjà les recommandations provenant de cercles paysans critiques s’orientent donc dans une autre direction :

 l’encouragement de la recherche en ce qui concerne les moyens permettant d’immuniser les bêtes de manière naturelle;

 le développement des méthodes de traitements alternatives;

 la réduction de l’utilisation des antibiotiques;

 la réorientation des méthodes de sélection animale afin d’obtenir des animaux plus robustes.

     Mais ces recommandations n’ont pas été entendues et ne trouvent aucune espèce d’écho dans la nouvelle loi. Or sans la prise en compte de mesures allant dans ce sens, la nouvelle loi sur les épizooties renforcera les aspects restrictifs des ordonnances, au lieu de placer le bien-être animal au centre des préoccupations.

 

Valentina Hemmeler Maïga

Uniterre


 

 

Le peuple suisse votera le 25 novembre 2012 sur le projet de nouvelle loi sur les épizooties. La révision de la loi, contre laquelle un référendum a été lancé, concerne surtout le renforcement des mesures de protection, mais leur application présente des points d’achoppement non négligeables, et l’Association suisse des organisations d’agriculture biologique réclame premièrement des règles claires pour les mesures de contraintes décidées par l’Etat et deuxièmement davantage de responsabilité pour les éleveurs. Bio Suisse recommande de voter NON.

   Bio Suisse avait déjà soulevé différents points critiques lors de la procédure de consultation. Par exemple, les mesures étatiques de contrainte ne devraient être possibles que pour les épizooties des catégories «hautement contagieuses» et «à éradiquer». Et si elles engendrent des pertes d’animaux ou des frais exagérés, l’État devrait obligatoirement dédommager les éleveurs. Ces deux exigences sont absentes de la révision présentée au peuple.

   Autre point critique: Si c’est bien la prévention au niveau national qui est censée être au centre même de cette révision de la loi sur les épizooties, l’«esprit de clocher des cantons» contenu dans le projet en est la pure contradiction. Il est regrettable que la révision ne se soit absolument pas préoccupée de la question des compétences cantonales. La Confédération pourrait donc continuer d’ordonner des mesures de contrainte tout en refusant aux cantons, qui sont responsable de leur application, la base légale pour dédommager les éleveurs en cas de pertes. […]

Tiré de www.bio-suisse.ch