Logement, la pression monte... Mobilisation en vue à Genève

Logement, la pression monte… Mobilisation en vue à Genève


Dans un contexte de tension croissante sur le front du logement, et de retour à l’offensive des milieux immobiliers et de leurs représentants politiques, deux assemblées successives viennent de se tenir à Genève allant dans le sens de relancer une forte et visible mobilisation collective autour de cette question, prise au sens le plus large.



A l’initiative de – et chez – nos ami-e-s du squatt emblématique Rhino*, menacés eux-mêmes – comme d’autres – d’évacuation, elles ont rassemblé des dizaines de personnes, aux horizons et engagements différents allant de squatters, avec toutes leur diversités, à l’Asloca, en passant par quelques élus et membres d’associations diverses.



La première de ces réunions, mardi 7 mai, a été l’occasion d’un tour de piste initial qui a abouti à l’idée d’organiser – en principe le samedi 15 juin – une grande manifestation visant à faire converger un maximum d’habitant-e-s, tant locataires que squatters, autour d’une remise en cause de règles du jeu du marché du logement, dictées par la maximisation du profit des propriétaires au détriment des besoins réels – et divers – des habitant-e-s.



Une deuxième réunion a confirmé l’idée qu’une manifestation commune s’impose et a abouti à une synthèse – provisoire ! – des axes proposés pour celle-ci. Ceux-ci devront encore être discutés et les conditions de la manif – ainsi que de la mobilisation qui devra la précéder pour en faire un succès – seront en principe décidées lors d’une troisième réunion mardi prochain, toujours au Bistr’OK à l’enseigne de la corne rouge de Rhino.



A chaud, et à prendre avec toute les réserves que mérite une transcription personnelle – basée sur quelques notes – et en réitérant que c’est la prochaine réunion qui sera décisive, la «synthèse» sommaire formulée en fin de réunion des axes pour la manif va dans le sens suivant:



l Affirmation du droit fondamental …à un toit, pour chacun-e dans de bonnes conditions. Tous les habitant-e-s sont concernés, locataires, squatters, personnes à la recherche d’un logement. Ce besoin social essentiel peut/doit être satisfait et passer avant les exigences de l’économie néolibérale, de la réponse aux besoins des multinationales qui s’installent à Genève et de la volonté de chasser les habitant-e-s d’un centre livré aux bureaux pour les «stocker» en périphérie.

  • On veut des logement à un «juste» prix, ce qui passe par le refus du diktat des «lois du marché»: refus de servir des rentes à des propriétaires parasitaires, refus de la spéculation immobilière sur un besoin et un droit vital. En fait, c’est la collectivisation du sol qu’il nous faut… et un réel contrôle démocratique sur tous les projets immobiliers.
  • Affirmation d’une volonté de pouvoir vivre ensemble, de la nécessité de donner au «logement» une dimension collective, conviviale, qualitative, de permettre aux habitant-e-s de contrôler directement – par en bas – leur environnement. Et ce n’est pas là seulement un besoin de squatters ou de milieux dits «alternatifs». Le logement n’est pas seulement un endroit pour dormir… mais doit être adapté aux exigences d’une vie sociale, culturelle, associative et démocratique…


Au-delà de ces axes une exigence élémentaire doit être défendue, qui rassemble également squatters et locataires et qui a évidemment fait l’unanimité: le refus de toute évacuation/expulsion sans alternatives de relogement acceptables et acceptée.



Les débats ont été riches,des questions ont été ouvertes… Grève des loyers? Gel des loyers? Recours systématique contre augmentations? Loyer en fonction du revenu? Volonté de rechercher une revendication à long terme qui peut mobiliser les locataires et qui exprime le refus de la logique de loyers fixés en fonction de la valeur spéculative des logements sur le marché.



…et des objectifs immédiats ont été évoqués: occupation ou ré-occupation d’un immeuble qui pourrait symboliser les trois axes mentionnés ci-dessus, parce que correspondant à un projet collectif bien défini, au refus des expulsions, au droit de vivre au centre ville sans payer un tribut foncier outrancier. Un immeuble de la Ville pour mettre celle-ci «au pied du mur» ou un privé pour cibler les pratiques les plus inacceptables?



Autre «cible», défendue en priorité par certains: un immeuble commercial à réaffecter au logement qui aurait l’avantage d’ouvrir plus de perspectives pratiques en termes de logement par la suite, car il y a un parc significatif encore vide.



Des moyens d’action ont été en outre été discutés:



Une occupation par des «personnalités» politiques et/ou culturelles soutenues …par les squatters. ça a été moyen utilisé lors des moments durs (Grottes, etc.) et quand il fallait faire comprendre largement que les squatters ne roulaient pas que pour eux.



Mise en place de banderoles sur des maisons – squattées ou pas – qui annoncent la manif et qui attirent l’attention sur l’existence de groupes qui expriment des manières plus conviviales de vivre en ville ensemble ou qui révèlent/dénoncent le loyer que paye les habitant-e-s et le loyer qu’ils payeraient s’il correspondait à l’amortissement du «coût réel» de leur logement et à un intérêt raisonnable.



La nécessité a été soulignée de construire un rapport de force et créer une attente forte de cette manif avec ce genre de campagne d’information, mais peut-être aussi avec une ou des actions «directes» qui font monter la pression, comme on a pu par le passé occuper des églises, des régies, La Plaine de Plainpalais, le Bourg-de-Four, etc.



Les acteurs/trices de cette mobilisation en construction sont attendus mardi 21 au Bistr’Ok à 20h. Avec des idées, des avis, sur le fond et sur les formes, et sur le degré de leur engagement!



Pierre VANEK



* Retour des Habitants dans les Immeubles Non Occupés

Association RHINO

case postale 367

1211 Genève 12