Constitution

Constitution : Abstention massive, petit oui de droite et clair non de gauche

Avec moins de 32 % de participation – et à 54 % contre 46 % – les partis gouvernementaux ont pu faire avaler aux habitant·e·s de Genève une constitution trompeuse et rétrograde, balisant le chemin de reculs dans les domaines des droits sociaux, des droits démocratiques, des services publics, de l’écologie…

En comptant les exclu·e·s du droit de vote, c’est un·e habitant·e sur dix environ qui a approuvé ce texte régressif dont se félicitent aujourd’hui tous les dinosaures ultralibéraux, qui voient leur vision délétère d’un Etat comme simple « complément » du secteur privé confortée dans les urnes.

 

Un large front social pour le refus

 

En face, nous sommes fiers du front associatif, social et syndical que nous avons contribué à construire et à animer. Ce sont une quinzaine d’élu·e·s à la Constituante sur 80 qui avaient dit NON, sur ses bancs ce printemps, dans les urnes le rapport de forces a été bien meilleur !

Mais la campagne du NON était difficile, vu le caractère abstrait et complexe de l’objet, un méga « paquet ficelé » garni d’enjolivures bidon pour tenter de masquer des régressions importantes et des ouvertures vers des régressions futures pires encore. 

Elle était difficile aussi du fait de la légitimité « consensuelle » dont ont pu prétendre se parer les partisans du OUI, ceci grâce au PS, notamment (sans parler des Verts), qui a cru bon de déserter les rangs de la gauche politique et sociale pour faire plaisir à ses partenaires gouvernementaux et à ses constituant·e·s, hypnotisé·e·s par les flatteries de la droite. Elle était difficile aussi au vu des moyens importants, y compris ceux de la Constituante même ou d’autres collectivités, mis abusivement au service du OUI.

 

Une droite populiste aux abonnés absents

En face, nous avons réussi à construire un front sans précédent : l’ensembles des syndicats de la CGAS, le Cartel intersyndical du personnel de l’Etat, l’AVIVO, des secteurs de l’ASLOCA, ViVRe, le GSSA, ContrAtom, Attac, le MPF, les milieux féministes dont Femmes pour la Parité et la Marche Mondiale des Femmes, toute la gauche politique à l’exception du PS.

Ce front a certes perdu une bataille, mais il a fait du bon travail et sera en mesure de se dresser, dans la rue et dans les urnes – et sans doute par ses représentant·e·s sur les bancs du parlement dès l’an prochain – contre les régressions qu’on nous prépare à partir de cette constitution !

D’aucuns prédisaient un NON aux couleurs de la droite populiste. Or on a bien vu le MCG dire à la fois OUI et NON et l’UDC ne pas s’engager dans la campagne privilégiant tous deux leur allégeance de fond à l’égard des libéraux, qui se manifeste ces jours vigoureusement au Grand Conseil.

 

Une victoire des communes cossues

 

Le NON est donc bien avant tout un NON de gauche, un NON populaire, qui a décroché une majorité en Ville de Genève et dans toute la couronne urbaine. Comme l’écrivait un commentateur «?Regardez la carte de ce vote. James Fazy avait fait sauter les fortifications, ouvrant Genève au monde. Là, c’est exactement le contraire: la Constitution est acceptée par la ceinture rurale des communes cossues, avec villas et jardins. Et imposée à une Ville de Genève, mais aussi des communes comme Onex, Lancy, Carouge, Vernier et Meyrin, entendez le Grand Genève Urbain qui n’en voulait pas.?» (GHI du 17-18.10)

Ainsi, comme l’écrivait Michel Ducommun, constituant de solidaritéS, sur son blog sur tdg.ch : «?C’est surtout l’analyse des résultats qui doit être pénible pour la ‹ gauche › gouvernementale : la nouvelle constitution est acceptée en moyenne par 60 % des votants dans les communes traditionnellement à droite, et est refusée par 54,8 % dans les communes où la gauche est majoritaire. Le OUI est clairement une victoire de la droite, le PS et les Verts ont manifestement été peu suivis par leur électorat. Ceci est confirmé par la comparaison chiffrée entre les résultats de hier et ceux des dernières élections communales.

Enfin, pour que le NON gagne, il fallait convertir à celui-ci encore 4 % des électeurs·trices. Le PS a – sans doute – une influence à cette hauteur-là ! Nous sommes donc en droit de le rendre clairement responsable de cette décision détestable… et nous appellerons les électeurs·trices à en tirer toutes les conséquences le moment venu.

 

Pierre Vanek