luttes en Espagne

luttes en Espagne : Succès des meetings de solidarité

Depuis l’émergence l’année passée du mouvement des indigné·e·s en Espagne, et après les élections de novembre de l’année passé qui ont vu la victoire de la droite et la mise en œuvre d’une politique extrêmement agressive dans tous le domaines – économique, écologique, social et idéologique – un regain des mouvements de lutte et de résistance se fait sentir un peu partout dans le pays. Grèves générales et mobilisations sectorielles (santé, éducation, transport…) se multiplient, avec force et détermination. 

Au printemps dernier, dans le Nord de l’Espagne la région minière d’Asturies a connu une lutte des mineurs féroce, entraînant la solidarité de la majorité de la population. Cette lutte s’est terminée à Madrid, après une marche de plus de 500 km, accueillie par plus de 100 000 personnes. Au Sud du pays, en Andalousie, la lutte des paysans sans terre et du Syndicat Andalou de Travailleuses et Travailleurs (SAT) a eu un retentissement national et international sans précédent, grâce à ses actions symboliques fortes (réquisition de nourriture dans des supermarchés, occupation de banques et du magasin Zara pour dénoncer l’exploitation des enfants au Brésil par cette multinationale, etc…)

A l’initiative du groupe écosocialiste et de la commission internationale de solidaritéS, et en collaboration avec différentes associations de Genève comme de la France voisine, deux soirées de soutien à ces luttes ont eu lieu à Lausanne et Genève les 9 et 10 octobre derniers. A Genève, la soirée était divisée en deux parties : une première partie avec l’intervention de Segundo Menendez Collar, l’un de dirigeants de la grève des mineurs en Asturies et militant du Courant syndical de Gauche, suivie d’une deuxième partie consacrée aux luttes d’Andalousie, avec Antonio Aires Galvez, maire adjoint de Marinaleda et de Diego Cañamero, secrétaire du syndicat SAT. Au total, quelque 200 personnes sont passées au cours de la soirée. A Lausanne, seule la partie andalouse a eu lieu, réunissant une bonne trentaine de personnes.

 

Des résistances tenaces face à l’agressivité du gouvernement

A Genève, l’intervention du mineur des Asturies a débuté par une minute de silence en hommage aux mineurs assassinés en Afrique du Sud. Il a ensuite raconté, avec toute sa rage, sa sagesse et fort de sa longue expérience, les défis de leur lutte, celle d’un secteur qui est en train d’être condamné à mort. Ils se sont battus pour continuer à recevoir les subventions qui leur permettent de vivre, contre un gouvernement qui préfère laisser tomber le secteur industriel et subventionner les banques en crise. Se décrivant lui-même mauvais orateur – « moi, je sais travailler dans une mine, me mobiliser et lutter avec mes camarades », a-t-il dit – Segundo a pourtant su captiver le public. Après son exposé, nous avons visionné un film sur les méthodes de lutte et de résistance lors de leur grève de ce printemps.

La deuxième partie a été introduite par le maire adjoint de Marinaleda, Antonio Aires, qui nous a raconté l’origine et le fonctionnement de la coopérative agricole du village. Puis, Diego Cañamero, travailleur agricole membre du SAT, a commencé par raconter l’origine du mouvement des paysans sans terre. Il a ensuite fait le récit, avec un verbe fort et un humour percutant, de l’extrême répression qu’il a subi au cours de sa vie : ses plus de soixante arrestations ou encore ses années en prison sous Franco aux côtés de différents chefs de gouvernement espagnols (Rajoy, Zapatero, Aznar). Il a par ailleurs évoqué sa certitude d’être une fois de plus arrêté à son retour au pays, ce qui fut effectivement le cas. 

Au fil de la conférence, la flamme de sa passion a embrasé la salle, interrompu plusieurs fois par les applaudissements du public. Comme l’a souligné un participant, « Diego, c’est un poète de la révolution ». Un chapeau de solidarité à permis de récolter plus de 1000 euros de soutien. Les mineurs comme les paysans nous ont invités à poursuivre le mouvement de solidarité avec les nouvelles actions qui se préparent. Le 14 novembre les syndicats majoritaires ont convoqué au Portugal et en Espagne une journée de grève générale.

Au-delà de la forte participation, les échos enjoués des participant·e·s témoignent de la réussite cette soirée, nous rappelant les paroles de notre ami et camarade, le regretté Daniel Bensaïd : « Militer est le contraire d’une passion triste. Une expérience joyeuse, malgré ses… mauvais moments.?»

 

Juan Tortosa

 

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APPEL DE SOLIDARITÉ Le SAT doit faire face à un cumul d’amendes pour un montant de 400 000 euros et 367 travailleurs·euses ont été inculpé·e·s. La somme des peines requises s’élèvent à 41 ans et 9 mois de prisons. Pour les soutenir, versez au SAT une contribution de soutien de 10 euros par mois (ou plus) :

 

Sindicato Andaluz de Trabajadores

Nº de compte 2106 0005 41 2128343229 

IBAN ES38 2106 005 4121 28343229

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