Colombie

Colombie : Vers une proposition de paix participative

Entretien avec Diego Gómez, colombien, militant de gauche et internationaliste engagé dans les luttes sociales.

 En octobre vous organisez une tournée de conférences avec Marylén Serna, une dirigeante importante du mouvement populaire colombien (voir l’agenda en page 20).

Marylén Serna fait partie d’une association paysanne. Elle vient du Cauca, une des zones les plus touchées par le conflit. Elle appartient à une génération de militant·e·s, très présente dans la vie sociale et politique colombienne revendiquant les droits des femmes, des populations paysannes, des indigènes ou des personnes déplacées par la guerre et les multi-nationales.

 

Où en est le mouvement social colombien à l’heure actuelle?

Il prend de plus en plus d’importance. La confluence du Congrès des Peuples, de la Marche patriotique, de la Coalition des mouvements et organisations sociales de Colombie (COMOSOC) et de mille autres organisations mobilisées dans la construction de la Ruta Social Común para la Paz le démontre. Pour ces mouvements, la paix se construit par les mobilisations, dans la rue, dans les usines, à la campagne, dans les territoires par un travail de sensibilisation, de conscientisation de la société et particulièrement des secteurs traditionnellement exclus. C’est la principale différence avec les tentatives de paix précédentes. Le mouvement social y participe et affirme que personne ne peut parler à sa place. Les mi-grant·e·s, les exilé·e·s, en particulier ceux et celles qui ont organisé le Forum de Lausanne* entendent participer à ce processus. Nous travaillons à être reconnus comme sujet politique collectif.

 

Quelles sont les relations entre la guérilla, le mouvement social et le gouvernement?

Pour les trois acteurs, la paix est importante mais chacun la voit à sa manière. Pour l’Etat, la paix est la fin du conflit armé, donc c’est une négociation entre les acteurs armés. La guérilla et le mouvement social voient la paix comme l’obtention d’une justice sociale, de démocratie et de respects des droits humains. Voilà le pari. Nous ne voulons pas d’une paix comme celles vécues en Amérique centrale où une violence en a remplacé une autre et où la pauvreté et les exclusions ont persisté.

 

Propos recueillis pour « solidaritéS » par Marianne Ebel