Attentat de Karachi

Je ne partage pas l’indignation et l’exploitation politique qui découlent de cet attentat, toujours qualifié d’«odieux» par l’hypocrisie officielle.

En effet, si je comprends et si je respecte la colère et la douleur des victimes et de leurs familles, je ne comprends toujours pas que l’on puisse faire carrière sur la fabrication et la commercialisation des engins de mort comme les sous-marins.

Par ailleurs, me rappelant les tueries de Zoug, de Nanterre et d’Erfurt, je m’étonne que nos médias indignés ne désignent jamais nommément les criminels qui ont fabriqué ou vendu les armes avec lesquelles ces massacres ont été commis. Si nos lois le permettaient, il faudrait les traduire en justice. Ce n’est pas en honorant des ingénieurs de haut rang qui ne fabriquent que des engins sophistiqués pour donner la mort, qu’on défendra au mieux les valeurs républicaines.

C’est «sans état d’âme» comme on dit aujourd’hui, que nos irresponsables politiques laissent se commercialiser la quincaillerie militaire qui facilite et répand la terreur. Il faudrait que nos législateurs mettent d’urgence un terme à ces carrières du crime organisé, car décidément, il n’est pas possible d’entretenir des arsenaux et des usines d’armements, en voulant ignorer les deuils qui en découlent inévitablement, tôt ou tard. Soyons enfin réalistes!

Ce n’est pas parce que Jacques Chirac, dans une tenue et une attitude gaullienne, se fige solennellement devant les cercueils rapatriés de Karachi, qu’on n’éprouve pas une certaine honte à entendre chanter la Marseillaise dont l’outrance sémantique n’est plus d’époque. Je ne suis pas sûr que les vaillants Révolutionnaires de 1789 se retrouveraient en 2002 avec l’appel «aux armes citoyens!». Il n’est plus question aujourd’hui «d’un sang impur qui abreuve nos sillons». À moins de se déclarer ouvertement raciste, comme Le Pen.

Symbolique la Marseillaise? Il est temps de trouver autre chose n’est-ce pas? pour donner de la France et des Français une autre image, moins débile.

Enfin, pour être cohérentes, les «bonnes âmes» anti-avortement qui défendent la vie à tout prix devraient elles aussi s’insurger contre la fabrication des armes.

Face aux carnages actuels et futurs, il faut dire très fort Non à la thanatocratie!

René Cruse