Féminisme en Espagne


Féminisme en Espagne


Plus de 3000 féministes se sont retrouvées à Cordoue les 7, 8, 9 et 10 décembre 2000. Organisées par la Coordination des organisations féministes de l’Etat espagnol, ces «jornadas feministas» (journées féministes) ont rassemblé l’ensemble des courants féministes. Au programme, plus de 90 ateliers et tables rondes, des expositions, une fête et une manifestation de clôture1.


Magdalena Rosende, Lausanne

Cette manifestation a été un succès, tant au niveau du nombre des participantes que de l’organisation. Ce succès était d’autant moins évident que la rencontre a eu lieu dans une ville éloignée, décentrée et dans une période où le mouvement féministe espagnol est éclaté. Les ateliers de discussion proposés par les collectifs qui ont répondu à l’appel témoignent de la diversité du mouvement féministe. Enfin, la «relève» est assurée, puisque trois femmes sur dix avaient moins de 30 ans.

Questions en débat

Bien que la plupart des thèmes ne constituent pas une «nouveauté» en soi2, l’un d’entre eux mérite toutefois un «arrêt sur image» en raison de l’importance qu’il a pris durant la dernière décennie. Il s’agit des violences faites aux femmes. Ce point a fait l’objet de plusieurs ateliers de discussion et d’une table ronde. Cette dernière, qui a réuni plus de 500 femmes, a proposé un débat autour de la question «Faut-il punir ou réhabiliter les hommes violents?» suscitant une vive discussion entre féministes. C’est que le traitement des hommes violents cache un enjeu important.

Aux yeux des intervenantes, il est nécessaire et urgent de débattre de l’utilisation de la législation pénale pour protéger les femmes de la violence masculine. Le droit est certes un instrument pour concrétiser l’égalité entre femmes et hommes, mais la violence prend des formes subtiles, diffuses. Les agressions ponctuelles renvoient à un problème de distribution inégale de pouvoir dans la société et sont une manifestation de la subordination des femmes. Plusieurs miliantes ont rappelé que le droit pénal est un instrument violent et répressif. Le système punitif ne fonctionne jamais comme un moyen de politique sociale. Alors que cette position était largement partagée dans les années 70, elle a été abandonnée dans les années 80 par l’ensemble des groupes progressistes.

Sanctions pénales

L’attitude critique vis-à-vis des sanctions pénales a fait progressivement place à une demande croissante d’interventions punitives. Ce faisant, le système pénal a gagné en légitimité et aujourd’hui, il est considéré comme un instrument de libération des collectifs les plus défavorisés.

Pourtant, le recours à la punition présente un inconvénient majeur: l’individualisation du problème. Alors que la violence constitue un problème social, qu’elle est une conséquence des inégalités de genre, elle est transformée en maladie individuelle. On punit une personne en raison des actes qu’elle a commis. En conclusion, le droit pénal n’est pas, ne peut pas être un allié dans la lutte contre la violence sexiste et pour l’égalité.

Education

À côté des revendications pour l’amélioration du système pénal (sanctions plus efficaces, jugements plus rapides, etc.), il faut exiger une éducation égalitaire à l’école et dans la famille, la promotion de l’autonomie des femmes au niveau personnel et professionnel, et surtout la diversification des rôles féminins et masculins traditionnels…


  1. N°112, février 2001.
  2. Travail rémunéré et domestique, prostitution, violences masculines, transsexualisme et théorie féministe.