Nuits lausannoises

Nuits lausannoises : Police partout, mais où sont les idées?

Alors que les autorités communales et cantonales tentent de jouer les gros bras et que les partis bourgeois multiplient les propositions sécuritaires, il est urgent de plancher sur des idées alternatives à la répression.

Que la ville de Lausanne connaisse une situation insatisfaisante concernant sa vie nocturne est un constat difficilement contestable. Il s’y conjugue une attractivité très forte pour les jeunes de la région et même de plus loin et une dégradation de la situation en deuxième partie de soirée. Si certains préconisent des durcissements (fermeture avancée des boîtes, interdiction de sortie pour les mineurs, fermeture de tous les établissement à minuit du dimanche au jeudi, etc.), on a de la peine à voir ce que ces mesures apporteraient, à part une dégradation pour les personnes désireuses de s’amuser. Il existera toujours des moyens de contourner les restrictions de vente. Augmenter les prix ou étendre les heures blanches n’auront qu’une conséquence : les noctambules achèteront des bouteilles en avance pour les consommer rapidement dans la rue.

            Ce comportement induit une ivresse plus rapide ainsi que des déchets en verre sur la voie publique. C’est ce que l’on a observé notamment avec la mise en place de la première heure blanche, dont le bilan est catastrophique : les plus gros problèmes rencontrés ayant justement augmenté après sa mise en œuvre. De plus, l’heure blanche amène toutes les personnes à sortir en même temps des boîtes de nuit pour attendre le premier train ou bus.

 

La fête comme espace public

Il est important de rappeler que la fête est un droit et qu’elle ne saurait être totalement cloisonnée. Pour répondre au caractère insatisfaisant de la situation, il convient de lancer une grande réflexion qui ne doit pas se réduire à un souci sécuritaire, mais être comprise comme un enjeu de bien-être social. Des mesures immédiates peuvent être prises. Pour éviter les sorties de boîte synchronisées, celles-ci pourraient fermer à des heures différenciées, et les transports publics nocturnes devraient être améliorés. La promotion de boissons non-alcoolisées à des prix très bas semble aussi indispensable. Contre la prétendue nécessité d’augmenter les effectifs de police, nous devons encourager la prévention. Certaines interventions soutenues par les socialistes et les Verts sur le plan communal vont dans ce sens, en évoquant la formation de personnes spécialisées, qui n’appartiendraient pas à des services de sécurité privés, pour désamorcer les situations tendues. Plus globalement, une réflexion qui touche à l’urbanisation doit être menée.

            A Genève, l’expérience des Pâquis est parlante, même si pour le Flon, le problème est un peu différent dès lors que le lieu de fête n’est pas un lieu d’habitat. Il s’agit de réfléchir et de mettre en place des processus améliorant la qualité de l’espace public : arborisation, zones de rencontre agréables, lieu gratuit et ouvert toute la nuit qui ne serve pas d’alcool mais propose de la nourriture, etc. Il est urgent de réfléchir à ces différentes pistes pour que la gauche ait des propositions alternatives à apporter au débat.

 

Pierre Raboud