Contre les fachos, à gauche toute!

Contre les fachos, à gauche toute!


En un peu plus de deux ans, le Parti Socialiste d’Autriche, la coalition de l’Olivier en Italie, le Parti Socialiste Portugais et la «Gauche Plurielle» française ont perdu les élections. En même temps, en Suisse, le Parti Socialiste n’a cessé de perdre du terrain devant l’UDC de Blocher. Dans les trois premiers cas, la droite conservatrice est revenue en force, flanquée d’une extrême droite triomphante, avec laquelle elle a accepté de gouverner: Schüssel avec le FPÖ de Haider en Autriche, Berlusconi avec Fini et Bossi en Italie, le PSD (droite) avec le PP (extrême droite) au Portugal…



En France, la «Gauche Plurielle» a quitté la scène dès le premier tour, forçant la droite «républicaine» et l’extrême droite à en découdre devant les électeurs et les électrices… Tandis qu’à Berne, le PSS n’a pas cessé de servir les plats aux partis bourgeois, qui agitent l’épouvantail UDC pour exiger de lui toujours plus de concessions et de renoncements: démantèlement des régies fédérales, loi sur le travail, loi sur les étrangers, etc.



En entendant aujourd’hui des responsables du PCF, des Verts et du PS appeler à voter Chirac pour barrer la route au fascisme, on croit entendre le PSS légitimer sa collaboration avec les Radicaux et les Démocrates-Chrétiens pour contrer la montée des périls d’extrême droite. Il est vrai, qu’en France, au moins, on se bouche le nez et tourne souvent ce «choix» en dérision: «Votez escroc plutôt que facho!»



Le malheur c’est que c’est précisément cette identification croissante des politiques de la droite avec celles de la «gauche» qui fait le lit de l’extrême droite. Parmi les millions de salarié-e-s précarisés, de retraité-e-s appauvris, de jeunes mal formés, d’usager-e-s des services publics mal servis, la grogne monte. Les plus désorienté-e-s peuvent céder aux sirènes de l’extrême droite, qui stimule les divisions, entre nationaux et étrangers, public et privé, hommes et femmes, jeunes et vieux… Le plus souvent, ils désertent le terrain politique, syndical et associatif, qui ne fait aucun cas de leurs préoccupations. Mais ils pourraient aussi rejoindre la lutte et l’action collective.



En Italie, après avoir rassemblé 3 millions de manifestant-e-s dans la rue à Rome, les syndicats ont été suivis par 13 millions de grévistes. Berlusconi, Fini et Bossi ont enfin trouvé à qui parler. Il est vrai que la génération Seattle était descendue dans la rue, provoquant le premier choc avec le gouvernement Berlusconi, dès juillet, à Gênes, et que le Parti de la Refondation Communiste (PRC) avait refusé de céder au chantage à l’unité de la «gauche» sociale-libérale en maintenant son indépendance dans les élections de mai 2001, ce qui lui avait valu les critiques acerbes de nombre d’esprits bien-pensants.



Aujourd’hui, en Italie, au Portugal, en France, comme en Suisse, la construction d’un pôle d’opposition anticapitaliste et socialiste unifié, qui rejette autant les concessions politiques à la «gauche» libérale que les sectarismes de tous poils, constitue un tâche essentielle pour résister et préparer la contre-offensive sociale. C’est dans cette voie que s’engage le PRC en Italie, le Bloc de Gauche au Portugal, l’Alliance Socialiste en Grande-Bretagne ou la LCR en France (qui appelle Lutte Ouvrière à construire ensemble une force 100% à gauche). solidaritéS, soutient la même démarche en Suisse et appelle tous les militantes et militants qui partagent cette volonté à défendre cette unité dans l’action et à en débattre avec nous.


Jean Batou