Quelle énergie? Sommes-nous bien au courant?

Quelle énergie? Sommes-nous bien au courant?


La production et la distribution d’électricité sont aujourd’hui de formidables enjeux économiques et politiques. Certains réclament leur privatisation, d’autres s’y opposent et exigent qu’ils soient mis sous contrôle public. Pour débattre de ce choix, il est indispensable que nous sachions ce qu’est l’électricité, d’où elle provient, comment elle est produite et à quoi elle est utilisée. Nous illustrons notre exposé par quelques informations graphiques que nous limiterons à la Suisse.



Chacun sait que la plupart des foyer de cuisine, dits «cuisinières», fonctionnent à l’électricité, soit une forme d’énergie qui transformée en énergie thermique permet par exemple de faire bouillir de l’eau. Cette eau chaude contiendra alors l’énergie reçue et qui sera perdue lorsque nous viderons casseroles ou baignoires via la conduite d’eau «usée». Mais l’électricité et c’est là son intérêt peut être en outre convertie en d’autres formes d’énergie. Celle qui par exemple fait avancer un scooter électrique, prétendu «écologique», actionne une machine à laver, une tondeuse à gazon ou la rotative qui a imprimé le journal que vous avez en main. Bref, faire l’énergie qui actionne des moteurs en transformant l’énergie électrique en travail mécanique.

Les transformations énergétiques


On peut donc transformer de l’énergie électrique en énergie thermique ou en énergie mécanique. Si le rendement, soit la part des pertes de conversion de la première transformation est médiocre, celui de la seconde n’est pas trop mauvais. La conversion d’énergie électrique en mécanique est essentielle pour nos «civilisations» industrielles dont l’essentiel de l’appareil productif fonctionne avec de l’électricité transformée en force. Ce principe présente de nombreux avantages dont un rendement élevé pouvant atteindre les 95 %, les pertes de conversion étant donc de 5 %. Mais le fait de gaspiller peu d’énergie électrique lors de la fabrication d’un produit ne suffit pas à en justifier l’usage boulimique. D’une part de nombreux biens de consommation sont loin d’être indispensables et d’autre part, les «rendements» en amont de la conversion d’électricité en force ou en chaleur peuvent être catastrophiques. Nous devons en effet nous demander d’où vient l’électricité que nous consommons, de quelle ressource naturelle fossile, nucléaire, solaire elle est issue et quel sont les «rendements» des conversions de chacune de ces ressources en courant électrique. L’électricité est une énergie dite «intermédiaire» car cette forme d’énergie n’existe pas à l’état naturel, à l’exception de la foudre dont l’exploitation est hélas trop problématique. On utilise toujours une autre source d’énergie pour produire de l’électricité et cette source est principalement de l’énergie thermique, la chaleur dégagée par le soleil, par la combustion de bois, de charbon, de pétrole ou de gaz ou par la fusion de roches radioactives. Cette énergie thermique est transformée en énergie mécanique par des turbines dont le travail est transformé en électricité au moyen de générateurs. Le rendement de ces transformations d’énergie, de l’ordre de 20 %, est décevant. Pire, les pertes de 80% sont dispersées dans l’environnement, au mieux sous forme de vapeur d’eau chaude, au pire par l’émission de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques, mais pire encore, sous forme de «cendres» radioactives hautement toxiques dont la destruction est quasi impossible.



Parmi les procédés permettant de produire de l’électricité, certains sont peu, voire très peu polluants. C’est le cas de la production hydroélectrique qui consiste à actionner des turbines au moyen de l’énergie potentielle de l’eau de pluie s’écoulant dans un fleuve ou une conduite d’eau accumulée dans un lacs artificiels d’altitude.

Une source thermique peu polluante

La source thermique qui procure cette eau est de l’énergie solaire. Le soleil évapore l’eau des océans, l’élevé, la concentre sous forme de nuages qui sont transportés vers les terres où elles précipiteront sous forme de neige et de pluie par les vents mus par la même énergie solaire. L’eau perd un bonne partie de son énergie gravitationnelle avant d’atteindre le sol mais, lorsque elle est captée suffisamment haut, il en reste largement pour en tirer de l’énergie dite potentielle avant qu’elle n’atteigne le niveau de la mer. La transformation de l’énergie potentielle en mécanique des précipitations par les anciens moulin à eau ou par les turbines actuelles, puis de l’énergie mécanique en électrique dans les générateurs ont des rendement fort acceptables, ses nuisances sont insignifiante et nul ne se plaindra du fait que la pluie ou la neige tombe à côté des barrages ou que des cours d’eau ne soient pas endigués! Il existe de nombreux autres procédés permettant de transformer l’énergie solaire en électricité: cellules photoélectriques, éoliennes, marémotrice mais ils sont aujourd’hui sous-utilisés. La répartition des sources d’énergies pour la production électrique en Suisse est donnée par le graphique 1 qui indique la répartition des diverses sources d’énergie utilisées en Suisse pour la production d’énergie. On observe que le 60 % de l’électricité y est d’origine solaire. C’est beaucoup, mais le graphique 2 nous apprend que cette énergie électrique ne représente que 15 % de la consommation totale d’énergie du pays. L’annotation «export d´électricité: -2%»: signifie que 2% de notre électricité, en majorité d’origine nucléaire, est importé.

Un accroissement continu de la consomation

D’un point de vue écologique, l’idéal serait que l’approvisionnement domestique et industriel soit assuré exclusivement par de l’énergie hydroélectrique qui produit le 15% de la consommation actuelle en Suisse. Ceci est actuellement impensable d’une part parce que le système de production capitaliste est fondé sur la consommation massive d’énergie et d’autre part parce que ce système tend à accroître sans cesse la consommation. Le graphique 3 montre en effet que les derniers 50 ans on connu une boulimie énergétique autant absurde qu’inquiétante puisque les plus fortes croissances sont bassées sur des ressources non renouvelables et dont toute transformation est inévitablement polluante. Dans ce graphique, les combustibles fossiles liquides autres que le charbon et le gaz sont représentés sous deux formes: les carburants utilisés pour les transport mus par des moteurs à explosion et les combustibles utilisés pour le chauffage brûlant du ma-zout. On notera que l’accroissement très important des carburants par rapport aux combustibles. Cela est dû à la généralisation du trafic routier de transport de marchandises ou de passagers, un business dont les conséquences humaines, sociales et écologiques s’avèrent de plus en plus dramatiques. Le graphique 4 enfin, fournit des informations précieuses sur qui consomme quoi. Les transports encore une fois manifestent une terrible gourmandise et ce ne sont pas les tunnels ferroviaires qui vont résoudrent la question fondamentale des trans-ports inutiles! Certes, la traction sur rail part dix fois ga-gnant par rapport à la route, mais cela n’empêche pas l’aberration des va et viens de marchandises telle que Uderzo et Goscinny la caricature dans les aventures d’Astérix, où le poissonnier d’un village maritime prétend ne rien vouloir vendre d’autre que du poisson certifié transporté depuis Lutèce! Le prochain article abordera les questions politiques posées par la production et la distribution d’électricité, questions pour lesquelles des débats politique ne vont pas manquer de faire rage et nos réponse «socialistes par en bas» de s’épanouir car, comme dit Philippe Meyer, chroniqueur, «le futur ne manque pas d’avenir», à nous de le dévoiler!



Jacques Silberstein