Lettre ouverte à la délégation officielle suisse pour Rio+20

Ce 5 juin devant la Maison Internationale de l’Environnement à Genève la Coordination Climat et Justice sociale appelait à un rassemblement pour remettre une lettre ouverte géante de la société civile à la délégation Suisse de Rio+20 et aux organisations internationales de la Maison de l’environnement. En voici la teneur :

 

 

«Mesdames, Messieurs les délégué·e·s,

 

A New York, le deuxième tour de négociations préparatoires de Rio+20 vient de se clore sur un clivage Nord-Sud. Les pays du Nord refusent leurs responsabilités, contrairement aux principes fondamentaux adoptés depuis le Sommet de la Terre de 1992.

     La Suisse joue, au sein des pays industrialisés, un rôle moteur dans la remise en question du principe de responsabilité commune mais différenciée, qui fait porter une part beaucoup plus grande aux pays du Nord dans la responsabilité des activités polluantes. La Suisse refuse cet acquis, donc les conséquences de cette responsabilité prépondérante des pays du Nord, tant dans l’effort à fournir pour réduire ses productions polluantes que dans les moyens technologiques et financiers à mettre en œuvre au profit des populations du Sud. En cherchant à évincer de la résolution finale ce principe, la Suisse veut non seulement mettre « sur pied d’égalité » les pays du Nord et du Sud, mais n’accorde quasi aucun intérêt aux questions du développement des pays du Sud. Cette attitude de confrontation de la part de la Suisse vient d’être dénoncée publiquement par l’ONG faîtière suisse Alliance Sud.

 

Nous nous joignons à toutes les forces qui veulent que la Suisse, au contraire, privilégie à Rio la justice sociale et environnementale et nous vous demandons donc instamment :

 

  De renoncer à la stratégie actuelle de confrontation avec les pays du Sud, mais plutôt de privilégier une politique de coopération responsable.

  De monter l’exemple en vous impliquant fortement dans la concrétisation de nos propres engagements liés à la signature du Protocole de Kyoto et en respectant les recommandations du GIEC, à savoir 40 % de réduction des émissions de CO2 d’ici 2020 par rapport à 1990.

  De réorienter la politique environnementale au plan international en diminuant le rôle des mécanismes de marché : nous devons viser la réduction des émissions de gaz à effet de serre directement dans les pays qui les produisent, contrairement à la politique actuelle.

  De collaborer efficacement au transfert de technologies propres demandé par les pays du Sud et au financement des mesures environnementales et sociales dans ces pays, afin d’y opérer la transition énergétique indispensable pour renoncer définitivement aux énergies fossiles et nucléaire sur l’ensemble de la planète.

  De prendre toutes les mesures pour empêcher la privatisation des services publics, l’accaparement des terres, la spéculation sur les matières premières et sur les produits agricoles, de favoriser la souveraineté alimentaire pour assurer les besoins de base des populations du Sud en lien avec les objectifs du millénaire pour le développement. 

 

Avec nos respectueuses salutations.
Coordination Climat et Justice sociale (Genève)