Les enseignant-e-s schaffhousois-es débrayent

Les conditions de travail des enseignant·e·s suisses sont de plus en plus dures: aux classes dont les effectifs sont toujours plus nombreux s’ajoutent souvent des enfants avec des troubles du comportement et des heures supplémentaires non rémunérées. Les enseignant·e·s sont épuisé·e·s et surchargé·e·s. Mais la volonté de changer les choses est néanmoins là! Ce constat vaut pour la Suisse de manière générale, mais c’est à Schaffhouse qu’un premier pas a été franchi.

Deux assemblées générales se sont tenues au cours des six derniers mois parmi les enseignant·e·s de Schaffhouse et de sa région. La proposition combative de faire une grève d’avertissement a, selon un enseignant présent, vite trouvé le soutien des instituteurs/trices présent·e·s. Il s’en est suivi la décision de faire grève chaque trimestre. Environ 300 en­seignant·e·s se sont ras­semblé·e·s le 13 février entre 8 et 9 heures du matin dans le centre-ville de Schaffhouse pour cette première grève d’avertissement. Quelques en­seignant·e·s sont resté·e·s dans les écoles pour assurer l’accueil des élèves. La Commission formation, éducation et connaissance (« Verbandkommission Bildung, Erziehung, Wissenschaft »), tout comme l’office régional du SSP, s’est solidarisée avec les revendications des en­seignant·e·s schaf­fhou­sois·es.

     Ceux-celles-ci, par leur débrayage, ont donné un signe clair. Ils·elles revendiquent des conditions de travail dignes afin de rendre la profession d’en­seignant·e plus attractive. Concrètement, ils·elles demandent, entre autre, l’introduction d’une heure consacrée à l’organisation de la vie de classe, entre le maître principal et ses élèves, une réduction de la charge de travail, une réévaluation du nombre maximal d’élèves par classe et de meilleurs salaires.

     Ces revendications ne reflètent pas uniquement les conditions de travail des en­seignant·e·s dans le canton de Schaffhouse. Les mêmes revendications ont été portées par les en­seignant·e·s de l’école publique zurichoise vers la fin de l’année dernière envers le Département de l’instruction publique. Les en­seignant·e·s des Grisons sont également descen­du·e·s dans la rue en février dernier pour protester contre la première version d’une nouvelle loi sur l’éducation. Ils·elles demandent, eux-elles aussi, moins d’élèves par classe, moins d’heures obligatoires d’enseignement et des conditions de travail meilleures.

     De nombreux enseignant·e·s du canton de Schaffhouse se sont so­li­da­risé·e·s avec cette grève. S’ils·elles n’ont pas grand espoir quant à la poursuite de cette lutte sociale sous sa forme actuelle, il y a unanimité sur le pouvoir symbolique de cette grève.

     Il est clair que les seul·e·s à pouvoir faire changer leurs conditions de travail sont les en­seignant·e·s eux-elles-mêmes, et pour cela la poursuite de la lutte est indispensable. Sinon, la souffrance des en­seignant·e·s est vouée à se prolonger, voire même à s’aggraver. La grève des en­seignant·e·s est d’actualité et cela prouve qu’elle est faisable, même en Suisse alémanique. Espérons qu’il s’agisse d’une étincelle destinée à embraser toute la Suisse ! 

 

Rahel Gerber

SSP Suisse orientale, « Der Funke »