Ville de Neuchâtel

Ville de Neuchâtel : La politique culturelle en question

Lors du dernier Conseil Général, le Conseil Communal (exécutif) a enfin répondu à un postulat déposé il y a 4 ans par notre camarade Dorothée Ecklin, qui demandait un véritable rapport sur la politique culturelle.

C’est Pascal Helle (solidaritéS) qui s’est exprimé au nom du groupe popvertsol:

« La culture n’appartient à aucun parti, ou pour dire les choses plus clairement, aucun parti ne peut annexer la culture à son profit ». Ce thème n’appartient donc ni à la droite, ni à la gauche. Pourtant, l’attention que la gauche porte à la culture lui permet de montrer clairement ce qui la différencie de la droite.

L’analyse de la gauche, et ce terme inclut bien ici toutes les composantes de la gauche, c’est que la culture est un élément essentiel de notre société, et qu’en diminuer les ressources c’est appauvrir non seulement les artistes mais aussi la société toute entière.

Oui, Mesdames et messieurs, pour la gauche, la culture est ce qui nous permet de respirer, de nous évader de nos misères quotidiennes, de nous ouvrir à d’autres, mais aussi de nous divertir. Elle s’adresse autant à notre cœur qu’à notre raison et à nos sensations.

Bien sûr, nous parlons depuis notre société, où les besoins fondamentaux sont satisfaits, où l’urgence n’est pas la survie. Néanmoins nous ne considérons pas la culture comme un luxe et nous nous souvenons de ces récits de prisonniers des stalags ou des geôles des dictatures sud-américaines racontant comment l’évocation de poèmes ou des livres étudiés les avait maintenus en vie.

Ce rôle fondamental, essentiel, de la culture étant posé il faut encore relever un point cher à la gauche et que nous pourrions résumer ainsi: ce n’est pas parce que les artistes nous conduisent aux étoiles qu’ils n’ont point le droit d’avoir les pieds sur terre. Ou pour reprendre le mot de Jaurès: « il faut aller à l’idéal et comprendre le réel ». C’est ainsi qu’une partie de notre groupe comprend l’augmentation de certaines subventions pour des compagnies théâtrales qui montent des spectacles en s’octroyant des salaires tout juste raisonnables: ce n’est pas des augmentions qu’on leur accorde, ce sont des arriérés qu’on leur règle.

Enfin, ne boudons pas notre plaisir: il serait temps de reconnaitre que cette petite ville de Neuchâtel propose à ses habitants une offre culturelle d’une grande qualité et d’une grande variété.

Disons le clairement, ce rapport a plus que fortement déplu à notre groupe. S’il est vrai que la Commission consultative de la culture, forte de 15 membres, « a préavisé favorablement à l’unanimité des membres présents, moins une abstention, le présent rapport », ainsi qu’il est indiqué en page 59, l’élégance et la transparence auraient voulu que l’on indique le nombre exact des commissaires présents ce soir-là, c’est-à-dire 5.

Notre groupe regrette profondément le manque de perspectives de ce rapport: nous avons eu l’impression de lire une sorte de liste de commissions où on nous en dit à la fois trop et trop peu… Il a aussi été évoqué une non-transparence sur les noms des personnes bénéficiaires, certaines apparaissant dans le rapport sous diverses casquettes. Il n’y a sans doute rien de malhonnête, mais cela n’est pas très transparent… Plusieurs d’entre nous ont regretté l’absence du « camembert », le fromage préféré des statisticiens, qui permet de comprendre rapidement la répartition des sommes effectuées.

Point besoin de camembert toutefois pour s’apercevoir que la danse (30 400.- pour 5 projets), la littérature (22 200.- pour 8 projets), le cinéma (3000.- pour 2 projets) sont les parents pauvres de la politique culturelle de la ville, sans parler des arts visuels.

Bref, il y a fort à faire et c’est bien pour cela que notre groupe ne s’opposera pas à la création d’un poste d’adjoint à 50% au délégué culturel. Délégué culturel dont il convient au passage de relever l’engagement qui va bien au-delà du 50% de poste qui lui est attribué. Notre Ville a besoin d’un poste à 100% pour son délégué culturel, ne serait-ce que pour pouvoir répondre rapidement aux demandes de subvention qui lui parviennent.

Il n’en ira pas de même pour la fête de la culture à 130 000.- que souhaite instaurer le CC. D’abord parce que la justification proposée qui se résume à « on a aimé le Millénaire, on aimerait le prolonger » ne nous a guère convaincus. Comme l’expo 02, le Millénaire a vécu et, plutôt que de regarder sans cesse vers le passé, nous préférons nous tourner vers l’avenir avec des yeux neufs.

Faisons confiance à nos créateurs culturels pour organiser « des événements qui rassemblent et unissent la population », comme le souhaite l’auteur du rapport.

Les groupes popvertsol et socialiste déposeront un amendement pour transférer le montant prévu pour cette fête au fonds de subventions extraordinaires.

Les jeunes, bien que mis en avant rhétoriquement, sont également des grands oubliés du rapport. Ce fonds pourrait également permettre de leur allouer des moyens.

Notre groupe vous propose, avec nos alliés socialistes, la création d’une Commission du Conseil général forte de 9 membres, dont le titre serait « Commission culturelle » et dont le mandat serait d’établir les grandes lignes d’une politique culturelle.

Les musées, les bibliothèques, les arts visuels, les arts vivants, la littérature, le cinéma et la médiation culturelle seraient concernés par les travaux de cette commission qui devrait également se pencher sur l’accessibilité à la culture pour toutes les catégories de la population.

C’est avec ces modifications que nous adopterons finalement le rapport présenté.

Pascal Helle
Au final, le rapport a été adopté avec les amendements.