Salaire minimum

Salaire minimum : Retour sur les résultats cantonaux

Le 27 novembre les Neuchâtelois·es acceptaient à une majorité de 55% l’introduction dans la constitution cantonale du principe d’un salaire minimum. Nous revenons ici sur quelques résultats de manière un peu plus détaillée.

Partout, femmes et hommes ont, à peu de chose près, pris part au vote à égalité. Mais la participation, 35 %, confirme la tendance à la baisse de ces dernières années. Un taux que les jeunes, mais aussi les immigré·e·s, contribuent à maintenir bas.

Où sont les premiers concernés ?

Malgré une campagne spécifique conduite par les jeunes, la participation de leurs pairs est restée bien faible. Pour les moins de 40 ans, toutes nationalités confondues, le taux de participation est de 23 %. Il est plus faible dans les villes, là où, comme d’habitude, les questions sociales sont majoritairement soutenues. A La Chaux-de-Fonds, la participation s’est élevée à 28 % et à 17 % pour les moins de 40 ans. A Neuchâtel, à respectivement 32 % et 21 %. Partout ce sont les électeurs-trices âgés qui ont été les plus assidus aux urnes?; 50 % des votant·e·s ont plus de 56 ans.

En plus de cette fracture générationnelle, il y a une coupure géographique sur le vote. Le salaire minimum est accepté par 65 % à la Chaux-de-Fonds, 61 % en ville de Neuchâtel, 63 % au Locle, 57 % au Val-de-Travers, contre un refus majoritaire dans les districts de Boudry et du Val-de-Ruz.

Seuls 17 % des immigré·e·s porteurs d’un permis C ont voté dans le canton de Neuchâtel, et parmi eux les moins de 40 ans n’ont été que 11 % à participer. En ville de La Chaux-de-Fonds, ils·elles étaient 13 % (7.5 % pour les moins de 40 ans), en ville de Neuchâtel 16 % (respectivement 11 %). Ce n’est donc visiblement pas l’immigration qui a fait basculer le vote dans le camp du oui. En effet : avec 24 624 oui contre 20 439 non dans le canton, ce ne sont pas les votes des 3816 immigré·e·s qui ont pu faire la différence, même s’ils·elles y ont contribué.

L’obtention d’une loi d’application à 4000 fr. dans le canton de Neuchâtel serait le meilleur signal pour préparer la votation fédérale qui aura lieu d’ici trois ou quatre ans. La gauche, majoritaire au Grand Conseil, peut l’obtenir si elle respecte les engagements pris lors de la campagne qu’elle vient de gagner sans ambiguïté. Mais il faut aussi, et dès à présent, mobiliser davantage les jeunes. Ils·elles touchent les salaires les plus bas. Sur le plan fédéral, le succès dépendra largement d’une meilleure participation de leur part. Objectif essentiel, difficile à atteindre, mais déterminant. C’est dès maintenant qu’il faut y travailler.

Marianne Ebel