Mexique

Mexique : La chasse aux activistes continue

Le paysan et leader populaire Trinidad de la Cruz, activiste du Mouvement pour la Paix avec Justice et dignité (MPJD) de Javier Sicilia, a été enlevé mardi 6 décembre et retrouvé mort moins de vingt-quatre heures plus tard dans la Municipalité d’Aquila (Michoacán).

Au moment de son enlèvement, Trinidad de la Cruz, accompagné d’un groupe de paysans, se rendait à une réunion du MPJD. Un accord visant à assurer la sécurité des participant·e·s à la caravane avait pourtant été négocié avec la Police Fédérale (PF). Selon un témoin, des paramilitaires ont séquestré l’activiste précisément au moment où la PF «abandonnait» la caravane. Le cadavre de De La Cruz a été retrouvé quelques heures à peine après que deux autres militant·e·s d’une organisation paysanne écologiste, Marcial Bautista Valle et Eva Alarcón Ortiz, également activistes du MPJD, aient été enlevés dans l’État de Guerrero. Au moment où ces lignes sont écrites, on ignore tout de leur sort, même si le pire est bien évidemment à craindre. Aux cas précédemment mentionnés, il convient d’ajouter l’assassinat le 6 octobre dernier, dans l’État du Michoacán, de Pedro Leyva Domínguez, membre de la Commission pour la Défense des Biens Communaux, et celui plus récent, le 28 novembre, de Nepomuceno Moreno Núñez, abattu en plein centre d’Hermosillo dans l’État de Sonora. Tous deux étaient également des activistes du MPJD.

Cette liste d’assassinats (non exhaustive), et l’incapacité des autorités à les éclaircir et à punir les coupables fait inévitablement penser à une chasse et à une véritable campagne d’élimination d’activistes sociaux, de militant·e·s paysans, de membres des communautés indigènes, de défenseurs des droits humains et d’écologistes. Dans tous les cas, la croissante décomposition sociale et l’incapacité du gouvernement à protéger l’intégrité physique de celles et ceux qu’il a reconnu comme étant ses interlocuteurs, comme c’est le cas du MPJD, rend toujours plus insoutenable l’obstination gouvernementale à affirmer que la stratégie adoptée est la bonne. Un mouvement de masse contre la militarisation et pour la justice sociale est plus que jamais nécessaire pour y mettre un terme.

Héctor Márquez, correspondant de solidaritéS au Mexique