Le Fonds National Juif

Le Fonds National Juif : 110 ans de colonisation des terres de Palestine

Le soutien accordé par l’administration de la Ville de Genève à une célébration organisée par le Fonds National Juif (FNJ – Keren Kayemeth Leisraël/KKL), le 1er décembre au Victoria Hall, a fourni l’occasion au Collectif Urgence Palestine de dévoiler une partie de la mystification qui entoure l’un des principaux instruments historiques de la politique coloniale du mouvement sioniste en Israël / Palestine.

Fondé lors du 5e congrès sioniste de Bâle en 1901 pour acheter la terre en Palestine à l’usage exclusif des colons juifs, le FNJ a exercé cette fonction en éloignant les Palestinien·nes de leurs demeures. Après chaque phase d’expansion territoriale d’Israël (1948, 1967), les Palestinien·nes ont été chassés de leurs terres, leurs villages détruits et la terre a été transférée au FNJ pour l’usage exclusif des colons juifs. Les réfugié·e·s n’ont pas pu rentrer sur les sites de leurs maisons. Le FNJ mène depuis plusieurs décennies une politique de dépossession des terres et de destruction de villages palestiniens et bédouins ainsi que d’éviction d’habitant·e·s de leurs maisons.

Aujourd’hui, le FNJ est directement impliqué dans des expulsions d’habitant·e·s et de dépossession des terres qui se déroulent en Israël/Palestine, par exemple à Al Araqib dans le Negev/Naqab, dans les quartiers de Silwan et Sheikh Jarrah de Jérusalem-Est ainsi que dans la vallée du Jourdain.

La célébration du FNJ, du 1er décembre dernier, servait à financer la reforestation du Mont Carmel près de Haifa, ravagée par un incendie il y a une année. Force est de rappeler néanmoins que cette forêt du FNJ avait été plantée en 1964 sur les ruines de plusieurs villages palestiniens rasés après 1948. Il faut en particulier signaler le cas extraordinaire du village palestinien de Ayn Hawd que les autorités israéliennes ont décidé de ne pas démolir après en avoir expulsé les 650 habitant·e·s en 1948. Rebaptisé Ein Hod en 1954, ce village vieux de 700 ans a été transformé en résidence d’artistes israéliens. Alors que certaines familles palestiniennes originaires d’Ayn Hawd sont contraintes d’habiter dans un village «non reconnu» non loin de là. Tout ceci est très bien documenté dans le film «500 dunum on the moon» co-produit par l’Alternative Information Centre de Jerusalem (www.alternativenews.org).

Le soutien accordé par la Ville de Genève à la «célébration» pour les 110 ans du FNJ est proprement scandaleux parce qu’il cautionne la violation des droits humains des personnes spoliées de leurs terres et de leurs maisons par les actions de cette institution quasi-officielle. De plus, les destructions et les expulsions dans la vallée du Jourdain et à Jérusalem-Est, dans les territoires occupés palestiniens constituent des violations des Conventions de Genève !

C’est pourquoi, on peut féliciter l’exécutif de la Ville de Genève qui a décidé, deux jours avant la «célébration» de se désolidariser du soutien accordé par l’ancien chef du Département de la culture de la Ville de Genève, Patrice Mugny (qui a aussi reconnu son erreur).

Situations où le FNJ est directement impliqué en ce moment dans des expulsions d’habitant·e·s et de dépossession des terres qui se déroulent :

  • dans la vallée du Jourdain (à 93 % en zone C sous contrôle israélien total, civil, policier et militaire) où la dépossession des terres et de l’eau se produit à grande échelle. Des milliers de Palestinien·nes ont été déplacés au cours des dernières décennies (cf. la documentation et les photos qui prouvent l’implication du FNJ sur le site stopthejnf.org).
  • à Jérusalem-Est, un ordre d’expulsion arrivé à échéance le 28 novembre 2011 menace toujours la famille Sumarin, qui habite sa maison dans le quartier de Silwan depuis plus de 40 ans. Les colons qui comptent s’y installer bientôt agissent de concert avec la société Himnuta, une filiale appartenant à 100 % au FNJ. Les preuves des liens entre les colons, Himnuta et le FNJ sont clairement établies dans la documentation de Peace Now et des Rabbis for human rights, repris aussi dans le quotidien Haaretz.
  • dans le Neguev/Naqab le village bédouin de Al-Araqib, d’environ 250 habitant·e·s est l’un des 40 villages environ non reconnus en Israël. Il a été démoli plusieurs fois ces dernières années afin de laisser la place à une forêt, mais les habitant·e·s y retournent et reconstruisent le village. Le FNJ gère ce projet de forestation. Amnesty international mène une campagne urgente adressée au président du FNJ pour faire cesser la destruction du village et l’expulsion de ses habitant·e·s. Le factsheet de stopthejnf.org montre aussi la photo d’un bulldozer portant le drapeau du FNJ en train de raser le village.

Les démolitions de villages et les expulsions des habitant·e·s dans ces 3 localités sont remarquablement bien documentées avec de très bonnes photos dans le livre consultable en ligne de ICAHD-Activestills «We never finished 1948 – The continuing campaign of internal displacement in Israel/Palestine» – «?Nous n’avons jamais terminé 1948 – La campagne continuelle de déplacement interne en Israël/Palestine» http://activestills.org

Tobia Schnebli
Membre du comité du CUP


Pas de tracts, pas de rassemblement devant le Victoria Hall

Après plusieurs revirements, la police genevoise a bafoué de manière inadmissible les libertés d’expression et de réunion. Le Collectif Urgence Palestine n’a pas pu tenir un petit rassemblement de protestation sur le trottoir de l’autre côté de la rue, face à l’entrée du Victoria Hall, et n’a même pas pu distribuer de tracts au public qui se rendait à la célébration.

Même s’il va recourir à la Chambre administrative de la Cour de Justice, le droit de manifester du Collectif Urgence Palestine aura été bafoué. TS