Diminution de prestations, dégradation de conditions de travail, blocage des salaires

Diminution de prestations, dégradation de conditions de travail, blocage des salaires : Le PFQ nouveau est imbuvable !

Le Conseil d’Etat genevois a présenté le 23 novembre les mesures qu’il compte proposer au Grand Conseil pour équilibrer les finances de l’Etat d’ici à 2015. Un plan financier quadriennal (PFQ) inacceptable !

Depuis des années, le personnel de l’Etat et du secteur subventionné est mis sous pression par les restrictions budgétaires. Il paie encore le prix du blocage des mécanismes salariaux des années 90 et 2000. Demain, il devra largement contribuer à l’assainissement de ses caisses de pension. Comment, dans ce contexte, ose-t-on lui demander de passer à nouveau à la caisse durant 4 ans pour plus de 100 millions ?

Mécanismes salariaux à nouveau attaqués

Pourtant, au mépris du personnel et des conventions établies lors de l’instauration d’un nouveau système de rémunération en 2009, le Conseil d’Etat a déposé un projet de loi visant à réduire de moitié l’octroi des annuités dès 2012. Il annonce aussi la suppression de l’indexation jusqu’en 2015 (les membres du personnel de l’Administration fédérale auront droit à une compensation du renchérissement de 0,4 %).

S’attaquer au pouvoir d’achat de plus de 30 000 salarié·e·s – personnel soignant, enseignant·e·s, secrétaires, assistant·e·s sociaux, éducateurs et éducatrices, nettoyeurs et nettoyeuses, etc. – est un non-sens en période de crise économique. Par ailleurs, ces mesures interviennent au plus mauvais moment pour les caisses de pensions publiques qui verront leurs revenus (cotisations) diminuer alors que les rendements boursiers sont au plus bas.

Diminution de 2 % des charges de personnel

Les besoins de la population vont augmentant, notamment en raison de cette crise économique, et pour y répondre, ce PFQ ne prévoit rien d’autre qu’une diminution moyenne de 2 % des charges de personnel, des dépenses générales et des subventions aux institutions parapubliques ! Après le régime sec auquel ont déjà été soumises les institutions sous l’ère du « ninisme », ces nouveaux efforts menacent clairement les prestations à la population et les conditions de travail par des diminutions sectorielles de postes, et par des menaces sur l’emploi et sur les conventions collectives de certains secteurs.

Recettes fiscales toujours indigestes

Certes, le Conseil d’Etat propose également de suspendre temporairement le « bouclier fiscal » protégeant les hauts revenus, et de mettre fin aux privilèges récemment accordés aux indépendant·e·s, aux propriétaires immobiliers, et aux détenteurs·trices de collections artistiques et scientifiques. Une augmentation des centimes additionnels (7 ct.) sur les personnes physiques est aussi envisagée, ainsi qu’une taxe sur l’électricité qui ferait grimper en moyenne de 4 % la facture des usagers·ères.

Que la question des finances publiques soit aussi traitée sous l’angle des revenus et non plus uniquement sous celui des dépenses est plutôt positif. Mais l’exercice ne convainc pas, car il est à peine esquissé, et donc insuffisant. Il convient de rappeler que le budget de l’Etat subit depuis longtemps les conséquences désastreuses des réductions massives d’impôts de ces dernières années, diminutions qui ont profité aux plus fortuné·e·s du canton. Les mesures proposées par le PFQ sont très loin de compenser le manque de recettes induit par la légèreté des décisions prises auparavant en matière fiscale.

Vers une mobilisation massive,?comme en 2004 ?

Ce plan de mesures est donc inacceptable parce qu’il s’attaque encore une fois en priorité au personnel et porte atteinte au pouvoir d’achat, aux conditions de travail, à l’emploi et aux prestations à la population. Dans ce contexte, il conviendrait plutôt de conduire une politique salariale visant à augmenter le pouvoir d’achat par un véritable investissement dans l’emploi des services publics, en réponse aux besoins croissants de la population, et de prendre des mesures en matière de fiscalité mettant plus fortement à contribution celles et ceux qui à la fois souffrent le moins de la crise économique et en sont en partie responsables.

Toutefois, ce n’est pas le chemin qui se dessine, au contraire, car la droite et l’extrême droite demandent déjà davantage de coupes… Dans ces conditions, et vu l’incertitude qui plane sur le budget 2012, une mobilisation du personnel de la fonction publique et des usagers·ères est impérative pour contrer les projets de l’Etat employeur et de la majorité du parlement.

Olivier Baud