A la source des stéréotypes et des malentendus


A la source des stéréotypes et des malentendus


A l’occasion de la journée des droits des enfants, en décembre dernier, une exposition rassemblait des centaines de dessins. Visite et observations…

Maryelle Budry

A l’occasion de la journée des droits des enfants, la Maison de l’Egalité à Carouge a été entièrement tapissée de dessins d’enfants (près de 2000 !) sur le thème de l’égalité. Ce matériel devrait à tout prix être exploité et finement analysé, car il pourrait nous donner de précieuses indications sur l’origine des comportements sexistes et des discriminations. Je vous livre quelques remarques, notées «à chaud» au moment de l’exposition:


Jeux de ballons…


– La première discrimination à laquelle semblent se heurter les petites filles, c’est leur exclusion de certains jeux, que s’approprient d’emblée les garçons: le football, et dans une moindre mesure le basket, ainsi que la plupart des jeux de ballon. Et elles se demandent bien pourquoi, puisqu’en revanche, la piscine est représentée comme le lieu de l’égalité: autant les filles que les garçons y nagent, plongent, se giclent et rient bien ensemble.


Lors de la randonnée genevoise de la Marche mondiale des femmes, nous avons longé de très grands et magnifiques terrains de football, réservés aux défoulements des garçons et des hommes. Où sont les grands terrains de sports réservés exclusivement aux femmes?


… jeux de vilains

– «Max embête les filles» est le titre du dernier «Max et Lili» de Dominique de Saint-Mars publié pour cette occasion. En effet, quantité de chicaneries de la part des garçons envers les filles, (on ne peut encore parler de violences) apparaissent sous-jacentes dans ces dessins. La culture masculine de raillerie des filles est présente. Il serait intéressant à savoir si c’est une fille ou un garçon qui représente la soudaine prise de conscience d’un garçon qui court à travers un jardin:


«C’est la première fois que je joue avec une fille et c’est amusant!»


– Les différences de salaire dont leur ont parlé enseignants et parents paraissent particulièrement choquantes aux enfants et sont souvent évoquées: dans plusieurs dessins, une femme et un homme reçoivent le même salaire des mains d’un patron, évidement, toujours mâle !


– L’inégalité dans les travaux ménagers que remarquent les enfants donne lieu à bien des représentations touchantes d’hommes devant une planche à repasser ou un fourneau, comme signe d’une société juste. Une fillette représente son idéal d’égalité comme un garçon qui répond joyeusement «Oui !» à une fille qui lui demande : «Tu m’aides à ranger ma chambre?»


Un coeur qui bat


– L’égalité des sexes évoque irrésistiblement l’amour pour un grand nombre d’enfants: quantité de petits cœurs rouges parfois même percés d’une flèche émaillent les dessins. L’égalité est parfois symbolisée par un baiser entre deux visages que l’on sent dessinés consciencieusement de la même grandeur. «Les filles et les garçons ont les deux un cœur qui bat». Et un enfant a noté avec tant de justesse: «L’égalité, c’est nécessaire pour tout le monde»


C’est nécessaire et cela concerne tout le monde. Sous cette rubrique «masculin-féminin», nous présenterons des ouvrages traitant des constructions sociales de genre, avec l’envie de susciter un débat entre femmes et hommes et mieux encore: à créer un groupe mixte de réflexion! Car de plus en plus d’hommes aussi commencent à s’interroger sur leur condition masculine et sur leurs rapports avec les femmes.


Cela urge! le monde est ravagé par les rapports de domination et de violence envers les femmes (et les enfants) et envers toutes les personnes fragilisées. Nous voulons, nous devons, à solidaritéS, contribuer à des changements fondamentaux de comportements individuels.