La Chine ne peut pas sauver le monde de la crise

Alors que les États-Unis et l’Europe ont été durement touchés, la Chine a résisté à la crise internationale de 2008 grâce à un plan de sauvetage qui a combiné de fortes dépenses publiques, un faible taux d’intérêt et des subventions à la consommation.

L’inflation, en particulier des biens alimentaires, qui s’est accélérée depuis le milieu de 2010, s’ajoute aux problèmes des travailleurs et inquiète le gouvernement qui craint une vague de mécontentement. […]

L’impact de la crise en Chine et en Asie à jusqu’à présent été limité. Au contraire des banques européennes, les banques asiatiques n’étaient pas très engagées dans les subprimeset produits toxiques. À l’exception de la Corée du Sud, les pays asiatiques ne dépendaient pas des capitaux à court terme et des emprunts bancaires pour financer leurs économies. Ils n’ont pas été pris dans le piège de la dette comme les pays d’Europe de l’Est ou la Grèce. La plupart d’entre eux et en particulier la Chine ont accumulé d’énormes réserves en devises et ont été capables de faire face aux mouvements de capitaux à la fin de 2008. […] Plusieurs facteurs expliquent la résistance à la crise des pays asiatiques et leur rapidité à se rétablir.

En deuxième lieu, la consommation des ménages est restée forte parce que l’emploi ne s’est pas effondré pendant la crise. En temps de crise, il n’y a pas en général d’accroissement fort du taux de chômage dans les pays asiatiques, parce que, à part dans quelques pays, le chômage n’est pas indemnisé.

Troisièmement, défiant les plus sombres pronostics, les exportations chinoises ont chuté de septembre 2008 à février 2009, mais ne se sont pas effondrées et ont vite récupéré grâce à la reprise du commerce mondial au printemps 2009.

La Chine peut-elle résister une deuxième fois à une nouvelle récession ?

Il y a des raisons d’être pessimistes. La Chine et les pays d’Asie ne peuvent pas augmenter les dépenses publiques et le crédit massivement tous les deux ans. Les plans de sauvetage précédents ont déjà créé des problèmes qui ne sont pas encore résolus : dans le cas de la Chine, une augmentation importante des créances douteuses dans le secteur bancaire, car bon nombre de crédits accordés ne sont pas rentables; une inflation élevée et des bulles spéculatives dans l’immobilier et à la bourse. Comme aux USA et en Europe, les banques chinoises vont devoir être sauvées avec l’argent public. Et comme aux USA et en Europe, c’est toujours aux travailleurs que les gouvernements présentent la note. En Chine, le sauvetage des banques et des autorités locales, qui sont aussi très endettées, devrait coûter beaucoup d’argent. Si les travailleurs doivent payer d’une manière ou d’une autre, l’objectif de rééquilibrer la croissance en faveur de la demande interne devrait être reporté dans un futur lointain et avec lui le mythe que la Chine pourrait sortir le monde de la crise.

(coupures de la rédaction. Pour l’article complet, voir http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23489)