Novartis

Novartis: « Préserver les places de travail pas les profits ! »

L’annonce par Novartis de la suppression de 1100 emplois en Suisse et la fermeture de l’usine de Nyon est révélatrice des tendances prédatrices du capitalisme.

Le contraste entre le sort des employé·e·s expropriés de leur emploi et de leur métier et les privilèges exorbitants de leur patron, Daniel Vasella, le mieux payé de Suisse (40 millions en 2009) tient du cynisme absolu.

Avec un chiffre d’affaire de 50 milliards de dollars en 2010 (85 % du budget de la Confédération !), cette transnationale pharmaceutique obtenait un résultat opérationnel en hausse de 15 % sur 2009 (11,5 milliards USD) « grâce au développement de nos activités et à l’amélioration de la productivité. » (rapport 2010 de Novartis) En 2010, son cash-flow libre s’est élevé à USD 7,9 milliards, une augmentation de 42,8 % par rapport à 2009 témoignant de son excellente situation de trésorerie.

Profitant de la hausse du franc, Novartis peut faire l’acquisition à meilleur compte de nouvelles sociétés hors de Suisse entrant dans sa stratégie de diversification. Comme le dit bien leur rapport « L’acquisition d’Alcon, numéro un mondial de l’ophtalmologie, va très rapidement venir renforcer notre croissance avec un grand potentiel de synergies. »

    Le travail de 119 000 employé·e·s, dont 12 500 en Suisse, est à l’origine de la croissance fabuleuse des bénéfices de Novartis. La fermeture du centre de production de Nyon-Prangins (320 postes) et les licenciements programmés de 780 employé·e·s à Bâle démontrent l’illégitimité d’un système consacrant le droit des propriétaires de capitaux à disposer de leur patrimoine sans aucune considération pour ceux qui produisent les richesses qu’ils s’approprient.

    Bien que le centre de production de Nyon-Prangins soit parfaitement rentable, Stéphane Gachet, éditorialiste de l’Agefi, prétend que la branche pharma serait en train de vivre un tournant stratégique. La fabrication de médicaments hors prescriptions médicales ou de préparations chimiques de base, telles que celles produites à Bâle serait en sursis. Ces produits seraient susceptibles d’être fabriqués n’importe où, une fois que les investissements forts coûteux en recherche et développement ont porté leurs fruits (invention de nouveaux médicaments). Aujourd’hui, toute l’industrie pharma devrait se préparer à produire des volumes plus faibles mais avec des marges très élevées, à la hauteur des gros capitaux engagés dans la recherche (6 milliards USD en 2010 pour Novartis). S’agissant des 2 000 suppressions annoncées (dont 1 100 en Suisse), ces généralités sont invérifiables tant que Novartis n’ouvre pas ses livres de comptes en toute transparence aux travailleurs concernés, en premier lieu ceux de Nyon et de Bâle, à leur représentants syndicaux et aux pouvoirs publics.

    Manifestant à Bâle devant le siège de Novartis le 29 octobre, les travailleurs des sites de Nyon-Prangins et leurs collègues alémaniques ont affirmé leur détermination à se battre jusqu’au bout pour préserver leur emploi. L’essor d’un fort mouvement de solidarités à l’échelle régionale et nationale est indispensable.

Pierre-Yves Oppikofer
Signez et faites signer la pétition nationale sur : www.unia.ch