Des spéculateurs quittent Neuchâtel: payaient-ils des impôts ?

Des spéculateurs quittent Neuchâtel: payaient-ils des impôts ?



On apprend par un communiqué du
Conseil d’Etat que l’entreprise MIG Bank SA quitte
Neuchâtel pour s’installer à Lausanne. MIG Bank,
c’est 130 employé·e·s dont
l’activité est centrée sur le négoce de
devises en ligne, mais également sur le négoce des
matières premières.



Sur son site internet, MIG Bank SA se présente ainsi :
« une exécution des ordres en millisecondes, les
conditions de trading les plus compétitives, des spreads les
plus bas, des analyses techniques et encore bien d’autres
avantages. Notre modèle révolutionnaire de transparence
dans le trading vous garantit 100 % de transparence et
d’absence de conflit d’intérêt dans
l’exécution de vos ordres. Vous pouvez maintenant trader
sur le marché des changes avec la sécurité
d’une banque suisse, sans intervention de dealer, sans requote et
aucune restriction sur vos choix de stratégie de
trading. »

    Traduit en français, cela signifie
société très performante pour spéculer
contre les Etats et affaiblir leurs économies.

    Le Conseil d’Etat dit regretter le
départ « d’une entreprise à haute
valeur ajoutée », « malgré tous
les efforts déployés ».  Comme cette
société ne produit rien, on en déduit que la haute
valeur ajoutée est constituée par des hauts
bénéfices.

    Selon l’Express/Impartial du 1.10.2011
« Thierry Grosjean n’entend pas dévoiler
s’il y a perte de substance fiscale pour le canton, ni, le cas
échéant, quel est son montant. Cependant, des sources
proches des milieux économiques estiment qu’elle est
très peu importante. » Voilà qui tend à
confirmer qu’ils ne payaient pas d’impôts.

Sommes-nous face à une société
qui spécule contre le franc suisse avec le soutien
des autorités ?

MIG Bank annonce un volume quotidien de négoce de 4 milliards de
francs. Dans l’AGEFI du 20 avril dernier, il soutient
même que son objectif est de « conserver au moins le
même rythme de progression ».

    Tous les spéculateurs ont joué contre
le franc suisse. MIG Bank, comme les autres, assurément et de
manière fort efficace. Face aux difficultés que cela a pu
causer à certaines entreprises, les patrons se sont
retournés contre les tra­vail­leurs·euses pour
leur serrer la ceinture (augmentation des heures de travail non
payées, salaires payés en euros, etc.).  Dans le
même temps, les spéculateurs, qui ont pignon sur rue,
encaissent les bénéfices en se frottant les mains avec la
bénédiction et le soutien de l’Etat.

    Une taxe sur les transactions financières de
0.01 % rapporterait, rien que pour cette société,
100 millions de francs par année. Pour réduire la
spéculation qui détruit les économies, il faudrait
probablement un taux plus élevé. Hélas, tous les
partis du consensus helvétique (du PS à l’UDC)
revendiquent au contraire des mesures pour rendre encore plus
attractive la place financière suisse.

    Au niveau cantonal, la nouvelle loi sur la
fiscalité des entreprises, voulue par les partis du consensus
neuchâtelois (PS, PLR, UDC) est un cadeau invraisemblable
à ces prédateurs. Reste la question que nous posons au
Conseil d’Etat : cette société, dont il
regrette le départ, bénéficiait-elle des
généreuses mesures d’exonérations fiscales
promues par le canton ? Payait-elle des impôts sur le
bénéfice, ou le Conseil d’Etat se contentait-il de
lever l’impôt des 130
salarié·e·s qui maintenant devront aller
travailler à Lausanne s’ils veulent garder leur
emploi ? Est-ce que le canton soutenait une entreprise qui
spécule sur le franc suisse avec toutes ses conséquences
sur le monde du travail ?

Henri Vuilliomenet