La Suisse romande au rendez‑vous de la révolte chilienne

La Suisse romande au rendez‑vous de la révolte chilienne



La semaine dernière, le
bimensuel solidaritéS, avec le soutien de diverses
organisations, a mis sur pied trois meetings à Genève,
Lausanne et Neuchâtel consacrés au mouvement des
étudiant·e·s et des travailleurs·euses
chiliens. Invité pour cette tournée en Suisse romande,
Sebastian Farfan Salinas est étudiant en histoire à
l’université de Valparaiso, membre de la direction du
mouvement étudiant chilien (CONFECH) et secrétaire
général de la fédération des
étudiants de Valparaiso.

Ces meetings ont rencontré un franc succès. A
Genève, 150 personnes y ont pris part, ainsi qu’une
soixantaine à Lausanne et Neuchâtel, dont une bonne partie
de Chiliennes et Chiliens résidant en Suisse. Peu avant la
journée mondiale des Indigné·e·s du 15
octobre, cette soirée a redonné l’envie de la
révolte. Elle a surtout confirmé que l’espoir
existe, qu’un mouvement collectif est capable
d’ébranler les gouvernements néolibéraux. Au
Chili, le mouvement est né de la révolte des
étudiant·e·s contre le système
éducatif, largement privatisé. Les taxes universitaires
mensuelles (plus élevées que le salaire minimum
chilien !) obligent de nombreux jeunes qui veulent
étudier à s’endetter sur de longues années
pour y accéder. Sebastian, par exemple, s’est
endetté pour les vingt prochaines années auprès
d’une banque chilienne pour poursuivre son cursus, et son cas est
loin d’être exceptionnel.

    Réclamant la gratuité des
études et la renationalisation de l’université, le
mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis
avril dernier. Rapidement, les étudiant·e·s ont
rencontré un large soutien au sein de la population, et des
mobilisations ont eu lieu dans d’autres secteurs, notamment parmi
les ouvriers du cuivre (une autre revendication du mouvement est celle
de nationaliser les mines). Les revendications unitaires contre le
système néolibéral chilien sont désormais
au cœur de la mobilisation populaire. Vingt ans après la
fin du régime de Pinochet, la population chilienne descend dans
la rue pour remettre en question le modèle économique
hérité de la dictature. En effet, la chute de Pinochet
n’a pas entraîné la mise en place d’une
démocratie réelle, encore moins la sortie du capitalisme.
La coalition au pouvoir, « la Concertation »,
s’est contentée de gérer le système
imposé naguère par la dictature.

    Comme le montre l’expérience chilienne,
la lutte pour un vrai changement ne peut s’arrêter à
la chute d’un régime ; une leçon que doive
tirer également les révolutions arabes. A cet
égard, les Chiliennes et les Chiliens montrent la voie, en se
mobilisant dans la rue, dans les universités et sur les lieux de
travail pour une véritable rupture économique et
politique.

Giulia Willig