Publicité: femmes offertes ?

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Femmes offertes ?


Réaction de Maryelle Budry contre certaines publicités placardées sur les murs de la ville


Que signifient toutes ces annonces pour des soutien-gorge à 16 francs 90 ? Ont-elles vraiment pour but de faire acheter aux femmes des sous-vêtements bon marché ? Pour vendre une marchandise aussi simple y avait-il besoin de faire poser «la plus belle cover girl du monde» ?


Nous en doutons, nous y sentons plutôt un message idéologique aux femmes : «Soyez offertes aux désirs des hommes, soyez jeunes, belles, minces, blanches et blonde». Et ce message va toucher un grand nombre de femmes rondes, ridées, brunes ou grisonnantes, à la peau colorée ou fatiguée, qui vont le vivre comme un reproche et vont courir vers les instituts de beauté et de coiffure, les parfumeries et les fitness, en plus des magasins de (sous) vêtements… afin d’espérer se sentir plus désirables… quête sans fin qui emplit les tiroirs-caisses et les esprits. Certaines vont aller plus loin encore et mettre leur santé en danger pour le seul idéal du ventre plat. Le commerce est le roi absolu. Il faut s’y soumettre.


Femmes-objets, femmes-faire-va-loir, réduites à leur seul corps, encore et toujours plus, avec la mondialisation du commerce. Plus les femmes seront soumises aux désirs des hommes, plus elles seront soumises aux exigences patronales à leur travail, et aux grandes lois du marché au détriment du respect de la personnes humaine. Plus l’ultra-libéralisme avance, plus les limites de la décence sautent. Les publicités de parfums deviennent carrément obscènes.


Les corps des hommes eux aussi commencent à être pris en otage par la publicité. Les poitrails non velus et bien musclés font aussi vendre, maintenant. L’égalité est ainsi comprise que les femmes travaillent jusqu’à 65 ans et que les corps des hommes deviennent eux aussi une marchandise.


Qu’en disent les hommes ? Vont-ils se soumettre à leur marchandisation ? Ou se révolter comme les féministes?


Réaction, cette fois-ci de Richard O’Donovan au sujet de l’utilisation des femmes dans la publicité.


A priori, une femme nue, je ne dirais pas que c’est vilain. Mais, il y a une question de lieu et de style : en privé et avec une ambiance appropriée.
La question de l’oeuvre d’art peut sembler plus ambigüe. Je ne suis pas convaincu qu’il y ait une différence fondamentale entre un tableau montrant une vénus à poil et un magazine «pour hommes» bien graveleux, Ou plutôt si : le magazine ne peut être taxé d’hypocrisie, lui. Les musées restent les plus grandes galeries de cul, mais avec la bénédiction de la bourgeoisie garante du bon goût, de son goût obcène pour la femme avilie et la guerre glorifiée.


Ce bon goût bourgeois viens d’ailleurs d’accoucher (ce mot est choisi à dessein) d’une publicité d’une vulgarité rare.
Yves-Saint-Laurent fait de la pub pour un de ses parfums en montrant une femme couchée, nue, jambes écartées – techniquement irréprochable, cela va de soit. Que les obsédés ne se réjouissent pas trop, on ne voit pas tout. Je parle de la posture, de l’attitude. Une femme ne serait donc qu’une pétasse qui attend les jambes ouvertes? Il nous faut entrer dans les pharmacies qui exposent cette affiche et demander qu’elle soit retirée. Il ne sagit pas de censure mais d’honneur. Les hommes sont concernés. Ce sont celles qu’on aime qui sont avilies.