UDC: le nationalisme xénophobe comme attrape-nigaud

UDC: le nationalisme xénophobe comme attrape-nigaud

La campagne électorale prend
fin et l’UDC ajoute 2 slogans à son affiche
« Stopper l’immigration
massive » : « Ca suffit »
et « Les Suisses votent UDC ». Sa campagne
s’offre le luxe d’ignorer son propre programme :
« UDC 2011– 2015, le parti de la
Suisse ».

Présenté comme la plaquette touristique d’une
station de montagne, ce programme décline les clichés
comme des légendes de carte postale : « L’UDC
s’engage pour le cas particulier suisse avec ses piliers, qui
sont la souveraineté, la démocratie directe, la
neutralité permanente, le fédéralisme et la
subsidiarité 
». Ça ne mange pas de
pain. Et ça pose en porte-parole légitime des traditions
de la classe dominante de ce pays.

Un florilège  antisocial et réactionnaire

L’UDC prétend fonder son combat contre l’Etat social
sur l’article 6 de la Constitution fédérale
selon lequel « Toute
personne est responsable d’elle-même et contribue selon ses
forces à l’accomplissement des tâches de
l’Etat et de la société. 
» Et ses tâches, quelles sont-elles ? « Pour
la protection de la propriété
privée », « pour plus
d’économie de marché 
», « pour un Etat qui baisse les impôts »…
c’est clair, l’UDC défend les possédants. La
croissance de leurs ressources se fait au détriment de la
société, de la classe moyenne, des travailleurs et des
travailleuses.

    L’UDC présente son programme comme la
promotion de la responsabilité individuelle alors qu’il
décline un catalogue antisocial qui menace tous les acquis
sociaux des trois dernières générations.

    Un nombre croissant de personnes ne trouvent pas de logement et l’UDC veut « assouplir le droit du bail au profit du libre jeu du marché ».

    S’opposant à l’impôt
progressif, qui violerait le droit de propriété, elle
préconise la concurrence fiscale entre cantons et la
conservation du secret bancaire.

    Elle veut chasser de l’école « le romantisme social et l’égalitarisme forcené », « la
pédagogie anti-autoritaire » qui ne fait pas de
différence « entre les forts et les faibles
 ».
Les études universitaires devraient « davantage
tenir compte des exigences du marché », « l’UDC ne veut pas des universités de masse, mais des universités de pointe ».

    L’UDC veut augmenter à 65 ans
l’âge de la retraite pour les femmes et affirme sans rire
« s’engager à ce que les rentes AVS soient durablement garanties ». En effet, elle « combat toute augmentation de celles-ci ».

    Non contente de mettre en cause le droit à
l’AVS, l’UDC veut amplifier le pillage spéculatif
des caisses du deuxième pilier et leur soumission au
marché des capitaux. Elle veut supprimer les taux de conversion
et d’intérêt minimaux. « La
LPP doit être dégraissée et la concurrence
ranimée entre les institutions de prévoyances
vieillesse 
».

    L’UDC veut « alléger l’AI d’au moins 4 000 rentiers par an » et « réformer
les rentes basées sur les risques, car certaines
nationalités (Etats balkaniques, Turquie) sont
surreprésentées
 ». « Les rentes AI exportées doivent être adaptées au pouvoir d’achat local »,
c’est-à-dire baissées! Il n’y a aucune raison
de « privilégier les rentiers AI »
ayant des enfants à charge. Aujourd’hui, avec cinq enfants
à charge un rentier a droit à 3 rentes AI
complètes : « Rien
d’étonnant donc à ce qu’un rentier AI vivant
avec ses cinq enfants dans un village des Balkans puisse entretenir la
moitié de la population locale aux frais de la Suisse
 ».

    Et l’assurance-chômage ? « Il sera indispensable de procéder à de nouvelles diminutions de ses prestations ». Et l’aide sociale ? « Les personnes qui ne cherchent pas de travail ne doivent plus en recevoir ».

    L’assurance-maladie doit bien sûr elle aussi « être réformée dans le sens de l’économie de marché ». « Le
catalogue des prestations de base doit être
allégé : interruptions de grossesse,
thérapies aux hormones, césariennes non indispensables ou
changements de sexe ne doivent plus être financés par la
collectivité
 ». Et pourquoi ne pas supprimer
l’obligation de s’assurer ? L’UDC veut soigner
l’assurance-maladie en la libérant de l’obligation
de payer des soins ! […]

L’UDC propose  un supplément  d’âme

« Notre identité [serait] basée dans la culture occidentale et chrétienne » ; l’UDC rejette pourtant « les prises de position unilatérales et gauchisantes des fonctionnaires ecclésiastiques », « une
vision égalitariste et socialiste du monde contredit le message
du christianisme qui prône le libre épanouissement de
l’individu 
».

    Cerise sur le gâteau, l’UDC professe l’islamophobie. « Le
nombre de musulmans vivant en Suisse est estimé à plus de
400 000 et les immigrés musulmans amènent dans
leurs bagages des conceptions du droit et de l’ordre
incompatibles avec notre système juridique et nos règles
démocratiques
 ». Ne devrait-elle pas
soutenir le printemps arabe ? Ou celui-ci a-t-il le tort de
renverser ces dictateurs dont les fortunes sont en Suisse à
l’abri du secret bancaire ?

Attrape-nigaud ? Pas seulement, hélas !

Dans le contexte mondial d’un capitalisme débridé
vivant de rapine, du démantèlement des acquis sociaux, de
la spéculation sur les biens de première
nécessité et les matières premières,
l’Etat-nation se rétracte sur ses fonctions
répressives et le peuple souverain n’a plus grand-chose
à ronger. Comment former des gouvernements, comment
réunir des majorités parlementaires lorsque
l’internationale des puissances financières brise le
contrat social, bafoue la citoyenneté ? Fondé sur
le clash des civilisations, le nationalisme identitaire propose un
véritable « vivre-ensemble » qui
exerce sa force d’attraction sur tous les partis gouvernementaux.
Dans de telles conditions, s’opposer simultanément
à cette vision raciste de l’humanité et aux
désastres sociaux qu’elle provoque suppose un projet
politique qui rompe résolument avec les rapports sociaux qui
nourrissent ces deux fléaux.

Karl Grünberg

ACOR SOS Racisme