Salaire minimum dans la Constitution neuchâteloise. Votation le 27 novembre

Salaire minimum dans la Constitution neuchâteloise. Votation le 27 novembre



Nous appelons les partisans du salaire
minimum, en particulier les jeunes, les associations des
immigré·e·s et de femmes (particulièrement
visés par les bas salaires) à se mobiliser en vue de la
votation du 27 novembre, à participer à la campagne et
à voter OUI à l’inscription du principe du salaire
minimum dans la Constitution neuchâteloise. Les arguments
développés par les élus de droite (PLR et UDC) au
Grand Conseil – auxquels nous répondons ici –
annoncent une campagne rude, qui sera pilotée par la Chambre du
commerce et de l’industrie, qui y mettra les moyens.

« Le cadre et les
strictes conditions posées par le respect du droit
fédéral rendent le salaire minimum cantonal très
difficile à mettre en œuvre…Il ne sera notamment pas
aisé de fixer les montants des salaires minimaux,
puisqu’ils devront se trouver à un niveau relativement
bas, proche du revenu résultant des systèmes
d’assurance ou d’assistance sociale…, sous peine
d’être contraire à la liberté
économique »

P. Zürcher (PLR)

    Quand il s’agit de sauver les banques, aucun
problème. Par contre, fixer un salaire minimum permettant
à celles et ceux qui travaillent de vivre sans recourir à
l’aide sociale, c’est « très
difficile ». Quelle mauvaise foi! Que veut dire
relativement bas ? Pour nous, 4000.– par mois ou
22.– de l’heure est un salaire bas, relativement au salaire
médian national de 5800.– . C’est la
référence donnée par l’initiative
fédérale syndicale.

« Le dumping salarial est déjà sous contrôle de la commission tripartite »
P. Zürcher (PLR)

    Décidément nous ne vivons pas dans le
même monde. En Suisse, 10 % des
salarié·e·s gagnent moins de 3700.– bruts
par mois en équivalent plein temps. Dans le canton de
Neuchâtel 37 % des personnes à l’aide sociale
travaillent à 100 %.  La pression sur les salaires,
à la baisse, est une réalité du capitalisme. Le
dumping n’est donc jamais sous contrôle, c’est
l’objet d’une lutte permanente. L’exigence d’un
salaire minimum est un pilier essentiel de cette lutte, ce qui
n’enlève rien à la nécessité
d’une commission qui contrôle le marché du travail.


« Un Etat dont la
législation sur le travail s’avère trop
contraignante… peut bloquer la création d’emplois
fixes et surtout les discussions propices à tout
compromis ».

P. Zürcher (PLR)

    La législation sociale suisse est le fruit de
150 ans de luttes sociales auxquelles les bourgeois se sont toujours
opposés.  Pour refuser toute amélioration de la
législation sociale, les bourgeois ont chaque fois avancé
les mêmes arguments. Le marché du travail est
caractérisé aujourd’hui par une hausse
significative des formes non classiques d’emplois,
associée à davantage de précarité (travail
sur appel, forte proportion d’emplois temporaires peu
rémunérés). Ils méritent une meilleure
protection.

« Une réflexion
intéressante a été initiée par la
commission sur le fait que ce n’est pas aux institutions
publiques de combler la part insuffisante de salaire à plein
temps qui donne naissance aux working poor. Néanmoins, nous
sommes convaincus que ce n’est que par le dialogue sur
l’introduction d’une CCT dans certains secteurs que nous
corrigerons ce problème ».

P. Zürcher (PLR)

    Seuls 36% des salarié·e·s sont
en Suisse au bénéfice d’une convention collective
de travail et toutes n’intègrent pas un salaire minimum.
Une majorité des travailleurs et des travailleuses restent en
dehors des conventions collectives. Il y a en Suisse 211 000
working poor, soit 6,7 % de la population active, qui
travaillent mais ne peuvent pas vivre de leur salaire. Neuchâtel
n’échappe pas à cette réalité et les
dossiers ouverts à l’aide sociale l’attestent
largement.

« Nous vous rendons
attentifs que nous évoquons l’introduction d’une
protection constitutionnelle pour une minorité économique
…… il est parfois difficile de sacrifier
l’intérêt particulier pour
l’intérêt général… ».

P. Zürcher (PLR)

    Nous voilà au coeur de la lutte des classes.
Au nom de l’intérêt général bien
compris (lisez : intérêt des actionnaires et autres
capitaines de l’industrie), les workings poors sont
appelés à ne pas défendre leur
intérêt particulier (comprenez : soyez
reconnaissants qu’on vous donne du travail, un point c’est
tout).


    « A
l’instar de ce qui se passe chez nos voisins français, il
est à craindre que le salaire minimum ne devienne
systématiquement le salaire de départ et constitue une
base nivelant par le bas ».

T. Grosjean, Conseiller d’Etat (PLR)

    C’est l’inverse qui se passera. Le
salaire minimum est destiné aux travailleurs et aux
travailleuses non qualifiés. Dès qu’il y a
qualification, les salaires seront plus élevés que le
salaire minimum. Depuis l’instauration d’un salaire minimum
dans les années 1990 par la Grande- Bretagne, les salaires
situés en-dessous du salaire médian ont davantage
progressé. Quant à nos voisins français, les
comparaisons qui sont faites sont trop hâtives. La
sécurité sociale généralisée en
France donne une toute autre situation que pour nous qui avons des
salaires desquels on doit déduire l’assurance-maladie,
pour ne prendre que cet exemple.

Marianne Ebel