La directrice de l’OMS rencontre OMS Indépendante

La directrice de l’OMS rencontre OMS Indépendante

Un aveu d’impuissance et
incompétence en rayonnements et santé. Mais une
brèche étroite ? Au moment où la
« Vigie d’Hippocrate » commence sa
cinquième année devant le siège de l’OMS
à Genève, le collectif Independent WHO, auquel
s’était joint Rémy Pagani pour la Ville de GE,
était enfin invité le mois dernier par Margaret Chan,
Directrice-Générale, à discuter des sujets
motivant l’action.

La rencontre a confirmé le manque de compétence à
l’OMS en matière d’effets des rayonnements et sa
subordination à l’AIEA. Il s’agit du premier aveu
« officiel » que les peuples du monde ne
disposent pas d’une autorité internationale
crédible en la matière. Mme Chan a concédé
d’autres points significatifs qui, rendus publics, rendraient
criante la nécessité d’une évaluation
scientifique sérieuse des conséquences sanitaires des
rayonnements ionisants.

L’OMS toujours dépendante de l’AIE !

Depuis la signature de l’Accord de 1959 avec l’AIEA,
l’OMS n’a entrepris aucune recherche, fourni aucune
information sans l’aval de l’AIEA. A notre demande de
savoir si le mandat de l’AIEA de promouvoir l’utilisation
civile de l’atome ne représentait pas un conflit
d’intérêt, la directrice a annoncé que
l’OMS continuera de recevoir et d’accepter des informations
de la part de l’AIEA mais que « toute
ingérence de cette dernière dans les prises de
décision de l’OMS sera
récusée ». La Dr Chan se permet
d’ailleurs de critiquer la célèbre annonce de
septembre 2005 de l’OMS et de l’AIEA qui a réduit
les conséquences de Tchernobyl à 50 morts directs et
4 000 morts potentiels du cancer. Les estimations
diffèrent entre chercheurs d’un facteur de 100, voire
1 000, et ces écarts anormaux coïncident exactement
avec la source scientifique, soit qu’elle émane de
l’establishment, soit des chercheurs indépendants.

Sous-estimation des radiations internes

Jusqu’ici, l’OMS, suivant la CIPR et l’AIEA,
n’a pas reconnu le rôle des faibles doses de rayonnements
internes, chroniques, responsable à 95 % de la
contamination post Tchernobyl par l’ingestion d’aliments
contaminés. Le fait de ne pas en tenir compte a permis de
minimiser les conséquences sanitaires de Tchernobyl. Leur
évaluation est basée sur le modèle
d’Hiroshima, c’est-à-dire une exposition soudaine,
massive et externe, qui ne s’applique pas à la
contamination résultant des accidents et des émissions
découlant du fonctionnement routinier des centrales. Mme Chan
va-t-elle reconnaitre la nécessité d’une
réévaluation des effets sanitaires tenant compte des
mécanismes de la contamination interne ?

Qualité scientifique des études indépendantes

Pendant 25 ans, l’OMS a balayé toute étude
entreprise par des scientifiques indépendants ou des pays les
plus contaminés, prétextant une « mauvaise
science ». Lors de cette rencontre, IW était
décidé à faire éclater ce mythe, une bonne
fois pour toute. Le collectif a présenté une comparaison
du document clé de l’OMS/AIEA (1) sur Tchernobyl avec la
publication récente de l’Académie de Sciences de
New York (2) Selon les critères de qualité scientifique
de l’OMS elle-même, c’est cette dernière qui
est bien mieux documentée. Sur la base de 11
références discutables et peu diversifiées,
l’OMS a imputé les conséquences sanitaires de
Tchernobyl principalement… à des problèmes de
santé mentale qualifiés de
« radiophobie » !

L’OMS ne diffuse pas l’information existante

La CRIRAD (3)  a lance une pétition en avril 2011 demandant
que les informations sur la contamination de l’air,
collectées par les 60 stations du TICE (4) à travers le
monde, soient rendues publiques. La Dr Chan a confirmé recevoir
cette information, en ajoutant qu’elle jugeait les niveaux
raisonnables, donc inutiles à publier. IW a expliqué que
l’objectif c’est le droit d’accès aux
données brutes, et pas uniquement à
l’interprétation de ces données par l’OMS
(qui avoue ne pas avoir, aujourd’hui, de compétence en la
matière !)…

La dissimulation de Fukushima a commencé et l’OMS y participe

En ce qui concerne la catastrophe en cours au Japon, Mme Chan a
affirmé d’abord qu’il n’y a pas d’impact
sanitaire. IW a demandé un peu plus de précision. Elle a
ensuite affirmé que seule la région autour du
réacteur était affectée, puis elle a étendu
cette région au territoire japonais, tout en arguant de la
dilution dans  l’océan… Les scientifiques
indépendants qui annoncaient la fusion des cœurs de 3 des
6 réacteurs dès les premières heures de la crise
ont été mis en sourdine; or les faits viennent
d’être reconnus officiellement ! Et l’OMS
annonce dès les premières heures qu’il n’y a
aucun risque sanitaire…

Pagani avertit la Directrice-Générale

Elu (solidaritéS) de Genève, Rémy Pagani a
accompagné IW à cette rencontre. Il a annoncé au
début de la réunion qu’il était
mandaté par le Conseil Administratif de la Ville de
Genève à y participer et à soutenir les demandes
du collectif. Se référant à la possibilité
d’un autre accident majeur dans 25 ans, il a dit qu’il
voulait « voir l’OMS taper du poing sur la
table », pour mettre fin à  ses liens avec une
organisation pro-nucléaire, l’AIEA. Il a dit que si
l’OMS continuait sur cette voie, elle serait totalement
discréditée. A la réunion qui s’est tenue le
4 mai 2011, la nouveauté était qu’IW était
reçu par Mme Chan entourée par pas moins de 5 directeurs
qui nous ont écoutés sans qu’au final aucune de nos
affirmations ne soit contestée. Cependant, dans l’attente
d’avancées concrètes, la Vigie d’Hippocrate
continuera.

Alison Katz (IndependentWHO)

Résumé par Sebastien Bertran


(1) Health Effects of the Chernobyl Accident and Special Health Care Programmes, WHO, Geneva 2006.
(2) Yablokov, A., Nesterenko, V. and Nesterenko, A. Chernobyl:
consequences of the catastrophe for people and the environment. Annals
of the New York Academy of Sciences, Vol. 1181, Wiley Blackwell,
December 2009. 330 p. plus de 800 références.
(3) Commission de Recherche et d’Information Indépendantes
sur la Radiation, pétition en ligne sur www.criirad.org
(4) Traité d’Interdiction Complète des Essaies Nucléaires