16e initiative, Ecopop. 17e initiative, UDC. A quand la 18e ? Réagissons!

16e initiative, Ecopop. 17e initiative, UDC. A quand la 18e ? Réagissons!



Aux premiers jours d’avril 2011,
Ecopop annonce son initiative « Halte à la
surpopulation/Oui à la préservation durable des
ressources naturelles » qui assure que la croissance de la
population suisse ne doit pas excéder 0.2 % par an. Ses
buts ? Empêcher, en Suisse, la croissance de
l’immigration et, en Afrique, la croissance de la population. La
récolte des signatures a commencé le 3 mai.

Mercredi 13 avril, au Conseil national, le député UDC
Christoffel Brändli propose lui aussi de plafonner à
0.2 % le solde migratoire. La droite adopte sa motion. Pour
Christophe Darbellay, président du PDC, « on ne
peut pas se passer de l’immigration, mais elle a aussi ses
inconvénients et il faut les aborder. » Pour la
genevoise Martine Brunschwig Graf (PLR), « le pire aurait
été de permettre à l’UDC de se
présenter comme le seul parti partageant les
préoccupations des Suisses ».

« Limiter l’immigration » ?

Le terrain déblayé, l’UDC annonce fin mai son
initiative «pour limiter l’immigration». La Suisse
doit revenir à la LSEE (Loi sur le séjour et
l’établissement des étrangers (LSEE, 1931),
aujourd’hui Loi sur les étrangers (LEtr)) :
« Pour les autorisations, les autorités doivent
tenir compte des intérêts moraux et économiques du
pays, ainsi que du degré de surpopulation
étrangère » (LSEE, Art. 16). Le Conseil
fédéral  a remplacé la LSEE en 2006 par la
LEtr et le modèle des cercles qu’avaient conçu
l’Office des étrangers, des radicaux et des
démocrates-chrétiens.

Un argumentaire pour affronter les salarié·e·s

Rarement, dans l’histoire contemporaine, on aura vu une classe
dominante si arrogante s’enrichir si vite en broyant les acquis
des salarié·e·s. Avec le conseiller
fédéral Ueli Maurer, l’UDC ose dire
« que nous devons défendre notre liberté
contre des agressions intérieures que cachent de belles
paroles : plus de justice, plus de lois, plus de redistribution,
plus d’impôts, plus de fonctionnaires » et
donc plus de service public.

    Pour faire passer la pilule, l’UDC vaudois Guy
Parmelin attribue tous les problèmes à la libre
circulation et à l’immigration : les entraves au
trafic routier, les problèmes des transports publics, les
besoins en électricité, la demande en logement, le mitage
du territoire, les prix des loyers, les pendulaires, la perte de
surface pour l’agriculture…

    Pour les élections 2011, tous les partis
gouvernementaux engagent le même champion, la
xénophobie (xénophobie-racisme, blanc
bonnet-bonnet blanc). Début janvier, le PLR ouvrait le ban en
mitraillant le regroupement familial.

Une tradition raciste (völkisch)

Le 15 décembre 1964, les Démocrates suisses du canton de
Zurich lançaient la première initiative xénophobe
que 14 ont suivi. Seules l’ont emporté l’initiative
islamophobe du 29 novembre 2009 et l’expulsion du mouton noir, le
28 novembre 2010. L’appétit vient en mangeant. En mai
2011, Ecopop et l’UDC ressuscitent l’Überfremdung.

    Ce décompte ignore 15 ans de coups
portés aux droits d’asile et de la nationalité et
les lois antisociales que boostent les clichés racistes. Le
démocrate-chrétien Koller sélectionnait les
étranger·e·s selon leurs supposées
« idées européennes (au sens
large) ». La socialiste Sommaruga s’ingénie
à réduire encore les droits des
réfugié·e·s.

Le nez dans le ruisseau, est-ce la faute à Blocher ? Mais non !

Novembre 1917, la chair à canon subit son quatrième hiver
de tranchées, lorsque la révolution russe réveille
enfin l’espoir. Ce temps, c’est le notre. Le 26 novembre
1917, le Conseil fédéral fonde le nationalisme suisse sur
la lutte contre l’Überfremdung et institue l’Office
des étrangers (aujourd’hui Office des migrations) pour
élaborer la LSEE et cadrer la politique des étrangers qui
n’a jamais  connu de changement essentiel et qui continue de
modeler les institutions. L’Etat des années
1930-1945  combattait
« l’enjuivement ». En 1995, les
autorités suisses ont adopté les « mesures
de contrainte » pour lutter contre
« l’enchevêtrement culturel ».
Selon Arnold Koller :
« L’enchevêtrement culturel dû à
la migration internationale provoque la perte d’autorité
des religions, des visions du monde et la dissolution des liens
familiers » (Der Bund, 9.07.1994).

Un racisme utile aux partis gouvernementaux

Le racisme des autorités suisses a porté la politique
réactionnaire des années 1930 et 1940. Les
xénophobes des années 1960 à 1990 ont puisé
à cette source pour diviser la classe ouvrière au profit
des patrons de tous les travailleurs·euses, suisses et
étrangers.

    Dans l’Europe des années 1980 et 1990,
des formations d’extrême droite ont rouvert la voie du
racisme. Et aujourd’hui, les partis gouvernementaux
européens cèdent devant les mythes identitaires.

    Depuis plus de vingt ans, la financiarisation et la
globalisation du capital imposent la liquidation des acquis sociaux et
du pouvoir économique des Etats. L’activité
parlementaire, et le crédit des Etats sont affectés. Les
institutions représentatives disqualifiées, le lien
social est dénaturé. Sans combats massifs pour
élargir les droits démocratiques et sociaux, la
citoyenneté est menacée.

    Avec les révolutions d’Afrique du Nord
et du Moyen-Orient, à Mexico et au Wisconsin, à
Athènes et à Madrid des millions d’hommes et de
femmes ont compris le danger. Aucun parti gouvernemental ne les a
rejoints. Claquemurée derrière ses montagnes, la Suisse
justifie son enfermement et offre à l’Europe un
modèle pour s’enfermer derrière ses mers.

Karl Grünberg

ACOR SOS Racisme


Que faire contre l’expansion du racisme ?

–    Mettre en œuvre les moyens
nécessaires à la défense des droits et de la
dignité des personnes qui subissent le racisme sous quelque
forme que ce soit.

–    Rompre avec le refus de débattre avec
les racistes pour les « condamner ». A
quoi ? Nous ne condamnons que nous. Au silence. Et nos
adversaires se moquent et jouent les victimes.

–    Contre toutes les discriminations revendiquer
l’égalité de traitement et soutenir
résolument toutes les résistances sociales contre les
atteintes aux droits des salarié·e·s.

–    Appeler à un large regroupement unitaire contre toutes les initiatives racistes.