Université de Printemps de solidaritéS: on remet ça en 2012

Université de Printemps de solidaritéS: on remet ça en 2012

« Le pouvoir nous veut tristes et isolés, soyons joyeux et solidaires » (benasayag)



Du
20 au 22 mai derniers, la seconde édition de l’Université de Printemps
de solidaritéS s’est tenue à Lignerolle (Jura vaudois). Près de 120
personnes ont été séduites par son programme très diversifié, intitulé
: « Capitalisme dégage ! » des débats passionnés, une ambiance festive
et chaleureuse, de la musique, du slam et de la poésie… Un cocktail
détonant pour stimuler la réflexion collective, l’engagement et la
volonté d’agir.

un meeting d’ouverture sur la crise et nos réponses en
Europe et aux Etats-Unis le vendredi soir, douze ateliers
thématiques le samedi, un départ collectif le dimanche
pour la grande manifestation antinucléaire de Beznau…
L’équipe de préparation y avait travaillé
depuis des mois ; elle avait vu grand, et les résultats ont
été à la hauteur de ses efforts.

Les indigné·e·s et nous

Le meeting d’ouverture était intitulé « Vers
une explosion sociale en Europe et aux Etats-Unis ? »
Coïncidence ou signe des temps, cela faisait cinq jours que le
mouvement des indigné-e-s occupait les places d’une
centaine de villes d’Espagne. Miguel Romero, rédacteur de
Viento Sur (Madrid), a pu ainsi illustrer son intervention en partant
de cette expérience en cours (cf. Cahier émancipationS).
Le syndicaliste et historien états-unien Dan La Botz a, quant
à lui, rappelé les aspects essentiels du «
soulèvement » des salarié-e-s du public dans le
Wisconsin.

 Tout deux ont relevé les formes exceptionnelles prises par
ces mobilisations de masse, qui jouent sur la réappropriation de
l’espace public, en écho aux révolutions arabes :
campements espagnols et occupation de la place et du bâtiment du
Capitole à Maddison par des dizaines de milliers de personnes.

Luttes populaires et subversion

Le samedi, les douze ateliers thématiques (quatre en
parallèle sur trois sessions) ont été suivis par
15 à 30 participant·e·s chacun. La première
tranche horaire proposait des réflexions sur le droit à
la ville, l’importance du facteur religieux dans les luttes
populaires d’Amérique latine et du Moyen-Orient, les
difficultés de l’organisation syndicale des jeunes,
souvent précaires, enfin, l’actualité de la lutte
pour l’émancipation sexuelle aujourd’hui.

 La seconde et la troisième session de
l’après-midi traitaient de la lutte du peuple palestinien
; des révolutions démocratiques et sociales dans le monde
arabe ; des luttes sociales en Amérique latine ; du combat
contre le nucléaire et les catastrophes provoquées par le
productivisme capitaliste ; de la création artistique comme
facteur de subversion de l’ordre établi ; du
féminisme aujourd’hui ; de l’antiracisme
au-delà des bons sentiments ; et du mouvement des
indigné·es en Espagne.
 
 Rien de tout cela n’aurait été possible sans
l’engagement remarquable de plusieurs
intervenant·e·s de qualité : Sylvie Burgnard
(Université de Genève), Marie-Claire Caloz-Tschopp
(Collège international de philosophie), Joseph Daher
(Counterfire, Londres), Julien Delmaire (association Le Golem,
poète-slameur), Laurent Esquerre (Alternative libertaire,
Collectif des sans papiers, Paris), Frank Gaudichaud (NPA, Collectif
d’information Rebelión, Université Grenoble 3),
Azadeh Kian (Université Diderot Paris VII), Dan La Botz
(Solidarity, Cincinnati, USA), Michael Löwy (CNRS, EHESS),
Christian Mounir (Service de santé de la jeunesse,
Genève), les Poupées en Pantalon (étudiantes
féministes de Strasbourg), Daniel Tanuro (Climat et Justice
sociale, Belgique), Eric Salama (dramaturge et metteur en scène,
Genève), Miguel Romero (Izquierda anticapitalista et Viento Sur,
Madrid), etc.

Le Printemps des peuples

Tout au long du week end une large place a été faite
à la discussion au sein et en dehors des ateliers. Mais les
échanges ne se sont pas limités à des
débats d’idées, ils se sont inscrits aussi dans les
moments de vie partagée (préparation des repas), de
détente (jeux, promenades, chants et danse),
d’émotion artistique communicative (les concerts des
groupes Folk off et 36 rue du Swing), voire de bouleversement intense,
en particulier au cours du spectacle de slam-poésie de Julien
Delmaire.

 Au fil de ces quarante-huit heures frénétiques,
nous avons eu le sentiment de vivre ensemble quelque chose de rare et
de précieux. « Le pouvoir nous veut tristes et
isolés, soyons joyeux et solidaires », nous
écrivait récemment Julien Delmaire, citant le philosophe
et psychanalyste argentin Benasayag. C’est sans doute l’une
des principales leçons d’une telle expérience de
découverte collective.

 Du 11 au 13 mai prochains, on remet ça ! Ce sera de
nouveau à Lignerolle, sur le site enchanteur de la ferme de la
Bessonaz. Réservez déjà ces dates et parlez-en
autour de vous.


Stéfanie Prezioso, Giulia Willig

Témoignages de participants :



Julien Delmaire : « Juste
un petit mot pour dire à quel point j’avais
apprécié ce weekend en Suisse, la lecture, les
échanges, l’ambiance, la convivialité, le couscous,
le jazz manouche, les débats. Bref, si toute la Suisse un jour
ressemble à ça, je crois que je viens m’installer
! »

Dan la Botz : « […]
solidaritéS a une histoire proche de la nôtre ; elle a
été fondée en 1992 par la fusion de personnes et
d’organisations de gauche […]. Les membres de
solidaritéS que j’ai rencontrés sont très
impressionnants tant par leur engagement politique profond et
sérieux que par leur implication à long terme dans le
mouvement syndical. […] J’ai beaucoup aimé ce
groupe. Ils sont très proches de notre propre organisation
Solidarity, une organisation de militant·e·s socialistes
[…]. Etant donné notre histoire, nos expériences
et nos intérêts communs, je crois que nous devons
établir des liens avec ce mouvement […].
» (extraits d’un rapport au comité politique de solidarity, usa).