Neuchâtel Xamax: soit tu as du fric, soit tu fermes ta gueule

Neuchâtel Xamax: soit tu as du fric, soit tu fermes ta gueule



Les tribulations à la
tête du club de foot de Neuchâtel ont finalement vu le
« pouvoir » remis par le président
Bernasconi à homme d’affaires tchétchène qui
a fait fortune sur les débris de l’ex Union
Soviétique. Réaction de Pascal Helle, conseiller
général de solidaritéS.

Jusqu’alors, les prestations médiatiques du
président de Neuchâtel Xamax se déclinaient soit en
jérémiades soit en bougonneries. En déclarant
à l’Express (11 mai) que « ceux qui
n’ont pas d’argent n’ont qu’à fermer
leur gueule », Monsieur Silvio Bernasconi a changé
de registre. Ces paroles, dignes d’un potentat africain ou
d’un tyranneau des confins de l’Europe, renvoient aux
Etats-Unis des années 20 au temps du capitalisme sauvage lorsque
les entrepreneurs construisaient leur fortune en s’acoquinant
avec la mafia.

    Prononcées aujourd’hui à
Neuchâtel, elles sont particulièrement méprisantes
pour tous ceux qui n’ont pas le même salaire que
M. Bernasconi c’est-à-dire l’écrasante
majorité des habitants de ce canton. On imagine aussi quelle
résonnance ces paroles cruelles doivent avoir pour toutes les
personnes qui sont au chômage ou en fin de droit et dont la part
de rêve est d’aller au match.

    Pour autant, M. Bernasconi est libre de ses
opinions comme il est libre de planter une carcasse de Mirage sur le
toit de son entreprise ou d’éclairer chaque nuit la vache
rouge et le veau jaune qui décorent son jardin.

    Mais le roitelet de la Maladière ne doit pas
oublier qui l’a fait roi : ce sont l’Etat cantonal
et la ville de Neuchâtel qui avec l’argent des
contribuables ont construit le stade, acheté des tribunes ou
encore entretenu et déblayé la pelouse d’un
Xamax  à la santé chancelante.

    Enfin quand on a l’indécence de ne pas
payer ses dettes (les frais de sécurité), on devrait
éviter de faire étalage de sa richesse. En 1942, on
pouvait faire de très bonnes affaires en Europe en achetant
auprès des nazis les tableaux, les meubles et les bijoux
qu’ils avaient volés à leurs victimes juives.

    En 2011, on peut faire de très bonnes
affaires en Europe avec des oligarques russes ou
tchétchènes aux fortunes aussi colossales que
mystérieuses. L’Histoire jugera, mais l’on peut
craindre son verdict.

Pascal Helle