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N° 187 (08/05/2011). A la une: Contre la féodalisation de la Suisse... Répartissons les richesses!
p. 12
Lien direct: https://www.solidarites.ch/journal/d/article/4788
Genève
Vessy: 35 jours de grève et des travailleurs toujours déterminés
solidaritéS appuie la lutte courageuse des grévistes de l’EMS de Vessy, entrés en résistance face à la dégradation des conditions de travail dans leur établissement.
Cette dégradation est emblématique de ce qui se passe dans tout le secteur public genevois et reflète une situation qui s’aggraverait encore avec les coupes massives dans les recettes du Canton que le Conseil d’Etat et David Hiler veulent nous faire avaler, par leur projet de baisse d’imposition sur les entreprises dépassant le milliard.
Pour le respect et la dignité
Comme le rappelait une gréviste ce 1er Mai dans son discours : « Le personnel de la Maison de Vessy, établissement public autonome est en grève illimitée depuis le 7 mars. Des aides-soignantes, des dames de ménage, du personnel hôtelier, des lingères, des animateurs, des infirmières se sont dressés contre leur employeur pour exiger respect et dignité.Si la grève a débuté pour une histoire de parking, le malaise est en fait bien plus profond. Depuis trop longtemps le personnel assiste impuissant à la dégradation de ces conditions de travail. Les effectifs sont en baisse constante, la charge de travail, elle, ne cesse d’augmenter. Le personnel gréviste dénonce aussi la pression accrue des cadres sur le personnel, un management agressif, une absence totale de dialogue social dans l’institution. Il dénonce aussi une précarisation de l’emploi par le recours quasi systématique du CDD à l’embauche. Les conséquences en sont un taux d’absentéisme élevé, une souffrance au travail.
Nous dénonçons aussi le fait que malgré un vote populaire sans équivoque, l’Etat refuse toujours de mette en application l’initiative 125 dite « plus de bras pour plus de cœur » qui devait apporter aux institutions le personnel nécessaire pour répondre aux besoins de nos aînés. »
Un taux d’encadrement en chute libre
A Vessy, la situation est particulièrement problématique: alors que 1,2 postes de travail étaient prévus par résident, aujourd’hui, on en est à 1 poste par résident, soit 17 % en moins de force de travail et d’encadrement pour les personnes âgées ; et la politique annoncée apporterait de nouvelles restrictions. Par ailleurs, le personnel de cet EMS public médicalisé ne reçoit pas la prime versée dans tous les Etablissements Publics Médicalisés et Vessy ne paie pas non plus la prime de gériatrie, versée à tous les employé-e-s des établissements publics s’occupant de personnes âgées pour compenser la pénibilité de leur travail.En outre, début 2011, la Maison de Vessy a décidé sans concertation de faire payer au personnel les parkings jusque là gratuits à hauteur de 86 Fr. par mois, alors qu’il n’y a pas de navettes et très peu de bus. Ce prélèvement, allant jusqu’à 2 % pour certains bas salaires, a mis le feu aux poudres, les employé·e·s décidant de dire stop à la dégradation de leurs conditions de travail.
Une « conciliation » unilatérale
Le Conseil d’administration et la direction de l’établissement refusent ensuite toute négociation avec le personnel et le syndicat SSP, attitude inacceptable que l’autorité de tutelle interpellée a laissé faire. Pour se débarrasser du problème, l’Etat a renvoyé le conflit à la Chambre des Relations Collectives de Travail ( CRTC ) espérant étouffer la grève. En effet, pendant la procédure de conciliation à la CRCT, la grève doit être suspendue. Ce tribunal, normalement réservé aux conflits dans le privé, s’est arrogé la compétence dans le secteur public. Après trois semaines, il rend ses recommandations, reprenant les propositions de l’employeur, sans les améliorer.Une grève relancée
Face à ce blocage, les salarié-e-s se sont remis en grève le 11 avril. Depuis 35 jours donc la lutte se poursuit avec détermination. Les avancées sont faibles : le prix du parking est certes descendu à 36 Fr./mois mais il n’y a toujours pas de Plan de mobilité en vue. Il y a un blocage sur la structure de négociation et le Conseil d’administration et la direction peinent à considérer le personnel et le syndicat comme partenaires sociaux. Le directeur va jusqu’à la provocation disant que la grève peut durer 5 ans sans qu’il ne change de position !Dans cette situation d’enlisement du fait des dirigeants de l’établissement, les grévistes agissent dans plusieurs directions pour sortir de l’impasse: ils appellent à la négociation, informent la population, organisent des actions au sein de l’établissement et se montrent toujours aussi déterminés pour être reconnus et respectés dans l’accomplissement de leur travail.
AIber Nahory
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