Honduras :chronique du « Porfiriato »(*)

Honduras :chronique du « Porfiriato »(*)

Sous le joug d’un gouvernement
issu d’élections en novembre 2009 boycottées par
les organisations populaires – suite au coup d’Etat de
juin 2009 soutenu parles USA contre le président Manuel Zelaya
– le Honduras ne fait plus la « une »
des médias. La situation n’y est pourtant pas
« normalisée », au contraire…



Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que la
Confédération unitaire des travailleurs du Honduras
(CUTH) et le Front national de résistance populaire (FNRP)
convoquent pour ce 12 avril des manifestations pacifiques contre la
hausse du coût de la vie, la corruption politique et la violation
des droits humains. Ils appellent aussi au soutien de la lutte des
enseignant·e·s, qui ont mené durant trois
semaines, en mars 2011, une grève contre la nouvelle loi
néolibérale sur l’enseignement et contre la
militarisation de leur Institut de formation.

    Le 18 mars, lors d’une manifestation, la
police a assassiné l’enseignante Ilse Ivana Velasquez
Rodriguez, fondatrice du Comité des familles de détenus
et de disparus au Honduras (COFADEH). La famille d’Ilse Velasquez
et le COFADEH viennent de déposer une plainte pénale
contre le président fantoche Porfirio Lobo et deux de ses
ministres (sécurité et défense).

    Le 30 mars, une grève civique
nationale – convoquée par le FNRP – a
été massivement suivie dans tout le pays. Mais le
mouvement s’est heurté, une fois de plus, à une
forte répression : attaque de la police contre le
siège du Syndicat des travailleurs de l’industrie des
boissons (STIBYS), des dizaines de blessé·e·s et
d’emprisonné·e·s, des tirs à balles
réelles contre les paysans (13 blessés et 1 mort) dans la
vallée du Bajo Aguan.

    Au début de ce mois, suite aux promesses de
dialogue faites par le gouvernement «de facto», une
majorité d’enseignant·e·s a voté la
suspension temporaire du mouvement. Mais ces promesses sont
restées lettre morte : en fait de dialogue, 305
enseignant·e·s ont été
sanctionné·e·s pour faits de grève !

    Pour Tomas Andino Mencia (militant historique de la
gauche révolutionnaire, dirigeant du FNRP) :
« Cela démontre que le dialogue avec le
régime est une perte de temps. Le précédent accord
de décembre (2010) visait déjà à
démobiliser les enseignants, pour permettre ensuite de faire
passer les lois néolibérales et détruire les
organisations populaires ». Avis partagé par le
syndicat des enseignant·e·s: le dialogue avec le
gouvernement est rompu.

Hans-Peter Renk


(*)
« Porfiriato » : désignant la
dictature de Porfirio Diaz au Mexique (1876-1911), le terme est
approprié, vu l’homonymie entre l’actuel
président hondurien et son lointain homologue mexicain.