A Fukushima, le scénario du pire se précise

A Fukushima, le scénario du pire se précise

Le 18 mars, sept jours après le
tsunami, TEPCO annonçait avoir de bonnes chances de reprendre le
contrôle de la situation grâce au rétablissement de
l’électricité qui permettrait de réactiver
les systèmes de refroidissement des réacteurs.



Dix jours plus tard, on constate que ce pronostic n’était
qu’une pure chimère et la catastrophe est à
présent certaine, sans qu’il soit possible de dire, a
reconnu TEPCO, « dans combien de mois ou
d’années la crise sera terminée. »
Symptomatique de la confusion totale qui règne sur le
périmètre des centrales, trois travailleurs ont
été gravement irradiés le 25 mars en marchant dans
des flaques d’eau hautement radioactive, recevant des doses de 2
à 6 sieverts au-dessous des chevilles, alors que la dose de 1
sievert est considérée comme létale à court
terme.

    Le gouvernement, qui jurait il y a quelques jours
que la zone d’évacuation de 20km était suffisante,
quand bien même les Etats-Unis avaient ordonné à
leurs ressortissants d’évacuer un périmètre
de 80km, demande à présent aux habitants vivant entre 20
et 30km de partir, signe de l’aggravation de la situation. Mais
ce périmètre de 30km pourrait bien s’avérer
criminellement insuffisant. En effet, plusieurs experts ont
alerté sur des niveaux de radioactivité très
élevés à des distances plus importantes :
à Iitate, un village situé à 40 km de Fukushima,
on relève la présence de césium 137, à
hauteur de 3,26 millions de Bq/m2. Tout en dénonçant le
manque d’informations, le Professeur Hiroaki Koide, de
l’Université de Kyoto, rappelle qu’à
Tchernobyl, les endroits où la contamination dépassait
550 mille Bq/m2 ont été évacués.

    Mais ces faits particulièrement dramatiques
pourraient n’être qu’un avant-goût : les
experts craignent à présent une brèche dans la
cuve du réacteur n°3, qui utilisait du combustible MOX
à base de plutonium, élément extrêmement
dangereux pour l’homme. Il est en tout cas certain que les
réacteurs 2 et 3 sont fortement dégradés et que
leurs barrières de confinement ne sont plus étanches, ce
qui conduit à la fuite d’éléments
radioactifs dans l’atmosphère et l’environnement en
quantité gigantesque : Tepco estime désormais que
le taux de radioactivité est 100 000 fois
supérieur à la normale sur le site de la centrale.

Réd.