Créer deux, trois... de nombreux forums sociaux!

Créer deux, trois… de nombreux forums sociaux!


Les 9 et 10 mars, la première réunion préparatoire du Forum Social Européen (FSE), prévu pour début novembre de cette année, à Florence ou à Naples, s’est tenue à Bruxelles. Près de 200 délégué-e-s étaient présents, représentant une centaine d’organisations et venant de la plupart des pays d’Europe. Deux autres réunions préparatoires sont attendues, en Autriche en mai, en Grèce en juin, avec la volonté d’impliquer plus les pays d’Europe orientale et des Balkans.



On se souvient qu’à l’issue de la seconde édition du Forum Social Mondial, en janvier dernier, la délégation italienne avait été chargée de convoquer un Forum Social Européen, avant la tenue du FSM 2003, organisé une nouvelle fois à Porto Alegre. Ces forums continentaux visent à développer le mouvement de façon capillaire au niveau mondial, sur la base de la charte du FSM et de l’appel des mouvements sociaux de janvier 2002.



En Europe, la mise en place d’une telle convergence devrait permettre de rassembler et d’organiser pour débattre et agir toute une série de secteurs sociaux qui se sont retrouvés dans la rue à Millau, à Prague, à Nice, à Davos, à Gênes, à Bruxelles ou à Barcelone, ainsi que sur le terrain des luttes sociales.



En Suisse, le mouvement social a aussi un besoin urgent de trouver un lieu où débattre et exprimer sa volonté de résister au démontage social. En effet, les centaines de milliers de victimes de ces politiques réalisent petit à petit, confusément, à quelle sauce ils sont en train d’être mangés. Il n’est pas besoin d’une ouïe très fine pour les entendre protester.



En voici quelques indices …parmi d’autres:



Hier, le succès du référendum contre la Loi sur le Marché de l’électricité. Aujourd’hui, les forces qui se regroupent pour lancer un référendum contre une nouvelle péjoration de l’assurance chômage.



Mobilisation dans le bâtiment contre la flexibilisation du temps de travail et pour la retraite à 60 ans. Mais aussi la grève à Micarna (filiale de la Migros à Fribourg) contre le non versement de la prime d’entreprise 2001 et un nouveau système de salaire (70% versés le 25 du mois et 30% le 7e jour ouvrable du mois suivant). Ceci pour des salaires de 3000 Fr. par mois.



Grogne aussi contre l’installation d’une médecine à deux vitesses et écho croissant des appels en faveur d’une assurance maladie unique avec des primes proportionnelles aux revenus).



Dénonciation de l’hypocrisie de la politique d’immigration raciste des autorités fédérales (LEtr), cautionnée par le PSS, qui favorise le développement d’un second marché du travail, semi-clandestin, sous-payé, sous-assuré et absolument précaire, poussant à la dégradation de l’ensemble des conditions de travail.



Rejet de la mondialisation capitaliste, à laquelle les transnationales suisses participent au premier rang, qui suscite le pillage du tiers-monde, la destruction programmée de l’environnement et la marchandisation de tous les aspects de la vie (y compris le patrimoine génétique).



Convergence des milieux tiers-mondistes traditionnels avec de nouvelles associations comme Attac ou le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde), mais aussi de secteurs significatifs de la jeunesse avec une fraction des petits paysans (Uniterre) et des salarié-e-s. Sympathie inspirée par l’action directe (manifs, occupations symboliques, etc.)



Lutte opiniâtre des femmes contre la violence spécifique dont elles sont victimes au travail, dans la rue et en privé. Défense du droit à l’avortement contre les intégristes, en dépit du cadre étriqué imposé par les Chambres. Poursuite de la lutte contre les discriminations sexistes, salariales et à l’embauche, ainsi que pour l’assurance-maternité.



Refus de l’homophobie, illustré par le large soutien exprimé à la Pride de Sion…



Construire le Forum Social Suisse, c’est tenter de donner une voix et un moyen d’action à cette protestation en reconstruisant une opposition sociale par en bas.



Juan TORTOSA